samedi 30 mai 2009

Sebastien Tellier - Sexuality (Record Makers - 2008)

Sexuality est un disque qui ne se laisse pas facilement appréhender. Il m'a fallu un sacré bout de temps pour y rentrer et encore plus pour l'apprécier. Au départ, on croit qu'il s'agit d'un projet binaire: si on accroche pas à la première note, ça casse rapidement les couilles. Et puis on se dit que Sexuality a peut-être finalement quelque chose sinon la critique n'aurait été aussi unanime, qu'il vaut mieux le laisser reposer pour y revenir plus tard. Il m'a fallu presque un an avant de le réécouter. Le déclic est venu en voyant Patricia Kaas se ridiculiser à l'Eurovision. Je me suis souvenu que l'an dernier c'était Sebastien Tellier qui représentait la France et ça avait quand même une toute autre gueule. Alors j'ai réécouté son disque et j'ai trouvé ça vachement bien. La production synthétique de l'ami Homem-Christo, qui m'avait au départ paru cheap et toc, a soudain pris une nouvelle dimension. Tellier est allé piocher son inspiration dans la variété (difficile de ne pas penser à Christophe), les BO des films de boule Marc Dorcel, le disco (Moroder , toujours et encore), le R&B et l'électro pour composer ce disque dédié au cul et aux femmes. Mais, comme dans les meilleurs albums, une mélancolie très premier degré pointe très vite le bout de son nez au milieu des mélodies, nous rappelant que l'auteur de l'inusable La Ritournelle reste définitivement le même sous son nouveau masque de dandy libertin secoué du bulbe: un poéte barbu.





Sebastien Tellier is the one and only French dandy. Sexuality is a concept album dedicated to... well sex. If this record, produced by Guy-Manuel de Homem-Christo, sounds sometimes like a cheesy 80's porn soundtrack, it is in fact just the aim and it's just brilliant.

mercredi 27 mai 2009

Best Seven Selections 3 (Best Seven/Sonar Kollektiv - 2008)

Best Seven Selections 3 nous ramène presque 15 ans en arrière. Kruder & Dorfmeister régnaient alors en maître absolus dans les coeurs. La marijuana et l'ecstasy n'avaient pas encore étaient chassées par la cocaïne. G-Stone, Spray et Klein étaient les labels enfumés les plus cools du monde. On ne jurait que par le dub moelleux des électroniciens autrichiens. Leurs descendants sont toujours en activité mais il semblerait qu'il ne reste plus que Daniel W. Best pour s'en soucier et les compiler sur sa série Seven Best Selections. On se ballade donc gentiment entre plages de reggae (Frost & Wagner, The Black Seeds, The Dynamics), trip hop (Kabuki, Tosca) et dub (Cat Rat, Sygaire, Jah Seal). Les beaux jours arrivent enfin, alors pourquoi s'en priver.

The Dynamics - 90% Of Me Is You

If you liked Kruder & Dorfmeister and all the Austrian trip hop scene in the mid-90's, you'll like Best Seven Selections 3. Austrian and German electronic dub at its best.

mardi 26 mai 2009

Secret Love 5 (Sonar Kollektiv - 2008)

La série des compilations Secret Love est devenue une sacré vache à lait pour Sonar Kollektiv puisque les Jazzanova en sont à leur cinquième livraison. L'aspect mercantile de la série est d'ailleurs parfaitement assumé voire clairement revendiqué, nos Allemands favoris après Can, Kraftwek, Neu! et Tokyo Hotel admettanr et revendiquant avoir écoulé plus de 30000 exemplaires des quatre premiers volumes. Une belle performance commerciale par les temps qui court. D'autant que le succès commercial se double d'un vrai succès artistique. La qualité n'a ainsi jamais baissé tout au long des 5 volumes, fidèles au dogme établi depuis le départ: tenter de traduire une vision personnelle, oecunémique et légèrement électro de la soul-folk. On retrouve donc des signatures habituelles du label (Recloose, Lars Bartkuhn, Thief), renforcées de quelques unes des plus fines lames signés sur des labels "amis": Quiet Village (K7 Records), Pop Levi (Ninja Tune), Crowpleaser & Ly Sander (Compost), The Rubies (Tellé) ou encore Clutchy Hopkins (Ubiquity). Difficile de ces conditions de séparer le bon grain de l'ivraie, surtout lorsque l'ivraie s'annonce toute aussi savoureuse que le grain. Et quand celui-ci prend des teintes et des couleurs space disco, on applaudit même langoureusement cette ouverture à l'air du temps. Si Absynth porte mal son titre et n'évoque pas vraiment les cauchemars sous influence de Baudelaire ou Maupassant, Woolfy vs. Projections en ont fait un merveilleux morceau baléarique. Quand au remix par Tiedye du I Feel Electric de The Rubies feat. Feist, très Italians Do It Better dans l'esprit, celà fait un bout de temps que les connaisseurs l'ont élevé au rang de classique du genre.

The Rubies feat. Feist - I Feel Electric (Tiedeye Remix)

Germans biggets exportation successes are Mercedes, Porsche, BMW cars and the first four volumes of the compilations Secret Love. If you consider that driving a German car in those harsch economic time signify that your are a)a Russian mobster b)a heat-pump salesman c)a 70 years old granpa, you can nonetheless listen witout causing any prejudice Secret Love 5. You'll find everything you appreciated in the others volumes: folk- soul with a sweet electro twist.

dimanche 24 mai 2009

Bitty McLean - Movin' On (Taxi Records/Silent River - 2009)

Le britannique Bitty McLean a commencé à faire du bruit sur la scène reggae roots internationale il y environ 5 ans avec la sortie d'On Bond Street KGN. JA., composé principalement en revitalisant des riddims exhumés des malles de Treasure Isle, remettant au goût du jour avec de nouveaux textes des perles rocksteady produites jadis par Duke Reid ou Tommy McCook. Bitty McLean garde la même formule sur Movin' On mais va cette fois ci faire son marché aux merveilles chez Taxi et les deux magiciens fondateurs du label, Sly & Robbie. Ces deux derniers en profitent d'ailleurs pour produire son album. Le résultat est tout bonnement enchanteur. Déjà parce-que le matériel d'origine est très très solide, avec la réutilisation de classiques absolus du reggae (les riddims Hold On To What You Got, Guess Who's Coming To Dinner, Merry Go Round, Trouble You A Trouble Me pour ne citer que quelques exemples) que Bitty McLean magnifie de sa voix à mi-chemin entre soul et reggae. On pense un peu à un Anthony Hamilton, un John Legend ou un Musiq Soulchild rasta, faisant ainsi de Bitty McLean le chanteur de reggae le plus accessible pour des oreilles profanes depuis...UB40. Alors c'est sûr, quelques rastas intégristes pourront s'émouvoir de ce retour en force du style lover mais notre homme est aussi tellement à l'aise sur les reprises soul qui parsément l'album (You're Welcome (Step On By) de Bobby Womack, Come To Me d'Otis Redding ou encore Lately de Stevie Wonder) que l'effet produit sur votre copine vous donnera très vite envie d'envoyer paître ces vieux barbons en locks. De quoi faire durer l'été durant les 5 ans à venir...

Bitty McLean - The Real Thing

Bitty McLean scored already big with his last album, On Bond Street KGN. JA., based on old Treasure Isle riddims. He does it agin this time on Movin' On with the help of Sly & Robbie and a handfull of their Taxi classics. Bitty's sultry voice on those magic riddims is just pure honey for your ears.

samedi 23 mai 2009

Chicros - Radiotransmission (Chicrodelic - 2009)

Découverts sur une compilation CQFD des Inrocks, les Chicros font partie de ces rares groupes français composé en partie de barbus à avoir eu l'insigne honneur de voir l'un de leur titre, Back In The Wild, utilisé pour illustrer un épisode de Grey's Anatomy (saison 2, épisode 17). Comme quoi le monde et les valeurs ont bien changé: le sommet du cool pour un groupe de rock venant de l'exploitation sans vergogne de l'un de ses titres par l'un des fleurons les plus acharnés du libéralisme sauvage appliqué aux médias, ABC. Même si dans le genre, ABC peut être capable d'éclair de génie fulgurant, Lost en l'occurence. Mais je m'éloigne des Chicros. Les Chicros ressucitent enfin un personnage un peu passé de mode depuis l'avénement du geek et du nerd, le slacker. Héro né à peu près en même temps que le grunge, le slacker est ce sympathique type aux cheveux plus ou moins douteux qui passe son temps sur son canapé à fumer des joints en philosphant avec ses potes. Ce personnage trouva son apogée au cinéma dans The Big Lebowski des frères Coen et en musique dans les disques de Pavement. Les Chicros ont beaucoup écouté Pavement. Mais aussi Beck période Dust Brothers, un petit peu Ween, Grandaddy aussi sans doute et certainement pas mal les diverses incarnations de Lou Barlow, dont surtout sa période The Folk Implosion. Sans compter quelques disques de hip hop 90's (une allusion au 1-800 Suicide des Gravediggaz peut être entendue dans Straight A's) et bien sûr une ou deux B.O. de Carpenter (impossible de ne pas penser à Assault On Preccint 13 à l'écoute de If You Leave Me, Leave Me Running ou What Should I Lie About ?). Vous l'aurez compris, rien que par ces influences revendiquées, parfaitement digérées et assumées à travers un concept de voyage à travers les ondes radio US qui sert de fil rouge à l'album, nous tenons là une petite merveille du rock low-fi, cette catégorisation étant en passe, à nouveau, de n'être plus un gros mot. Cerise sur la gâteau, les Chicros signent les notes de pochettes parmi les plus hillarantes depuis l'invention du rock: "If you download this album illegally, Chicrodelic Records will not prosecute you. But when you die, you WILL go to hell. This album was made by children, tested on animals, brought to you by the most polluting means of transportation known to man, and financed by the NRA". Si c'est mecs ne sont pas des stars dans les facs US d'ici 1 an, je me bouffe une couille.

Chicros - What's New Today On TV ?



Chicros is a French slackers band, largely influenced by bands like Pavement, Grandaddy, Ween or artists like Beck or Lou Barlow. Don't be afraid, they're pretty good in it. And they have that kind of gallic thing in them that make their music really innovative and original.


jeudi 21 mai 2009

DJ Smokestack presents Shitala - Indian Disco Funk Thrillers (Music India - 2008)

DJ Smokestack, de son vrai nom Arjuna Sayyed, n'est pas un crate digger comme M. et Mme Tout Le Monde. Plutôt que de paisiblement hanter les marchés aux puces et les magasins de vinyls d'occasion des grandes villes des Etats-Unis, il préfére hanter les arrières-boutiques infestées de vermines et d'insectes des marchands de disque de Calcutta, à la recherche du beat parfait dans d'obscures B.O. de films Bollywood des 70's et 80's. Loin d'être un simple gimmick ou une marque de fabrique kitsch, l'homme est visiblement habité par une vraie passion et un vrai respect pour cette musique. L'article de Waxpoetics qui conte la génèse de Shitala est en ce sens tout à fait révélateur: http://waxpoetics.com/content/?article=india
Shitala n'est donc pas une mixtape de breaks comme il en pullule car elle en explore la face épicée au curry, une infernale bacchanale ressucitant des chanteurs avec la voix d'Yves Mourousi (sur Kis Ne Dekha: Kai Kal), des divas en sari à la voix de crécelle, au son de tablas et percussions en furie, de basses qui tuent et d'envolées psychédéliques. On regrettera juste l'absence complète de crédits et d'informations sur les auteurs ou interprètes de ces merveilles, seuls les titres figurant sur la pochette du CD. Le même article de Waxpoetics permet quand même d'en savoir un peu plus sur certains titres dont celui joint à ce blog, Y.O.G.A., présenté comme la réponse indienne au YMCA des Village Popoles.

Kalyanji Anandji - Y.O.G.A.

During a trip to India in summer of 2007, Arjuna Sayyed (aka DJ Smokestack) spent three days in Kolkata digging through thousands of moldy and forgotten records in a dark, vermin-infested backroom. The fruits of his labor are much more pleasant than the work itself, as Sayyed has assembled an upbeat Bollywood breaks blockbuster of a mix in Shitala (ironically, the name of a Hindu deity who hates dirt). The focus is on soundtrack disco and funk tracks of 70s and 80s Bollywood with "an emphasis on Indian breaks... compiled with the dancefloor in mind." Needless to say, unless you're real up on your Bollywood, you've probably never heard any of this before (Source: Turntable Lab)

mardi 19 mai 2009

Soul Salad (Hubbub Records - 1997)

Celle-là, j'en ai déniché un des derniers exemplaires chez Dusty Groove. En fait, il fallait juste savoir dépasser la pochette et le titre pourri (et pourquoi pas Soul Macédoine) pour se concentrer uniquement sur le contenu: 10 bombes de soul et de funk inconnues au bataillon et seulement chéries et vénérées par une poignée d'aficionados se disputant les vinyls originaux à coups de billets de 100 dollars. Pour les toubabs, il reste heureusement les compilations comme celles-ci. Comme il n'y a que 10 titres, on peut même se permettre de rentrer dans le détail. On commence donc avec Cheyenne (non, rien à voir avec l'actrice de cul), excellente chanteuse qui n'est pas sans rappeler Nina Simone mais en plus funky. Le morceau d'Annie Pennbroke, Tenderness, commence par un break terrible qui aurait pu être samplé par RZA. Idem pour It's Real d'Eastside Connection mais le morceau dévie au bout de quelques secondes vers un disco funk un peu plus convenu. Le More Love de Mary Love est lui, par contre, impeccable dans le genre: le gimmick au saxo est hyper efficace et, là aussi, n'attend qu'un bon producteur house avec un gros beat 4x4. Don't Be Afraid Of Love, de Robinhood, d'après les notes de pochette, faillit être un tube. Dommage que le son soit un peu pourri, la voix du chanteur y apparaît un peu saturée et nasillarde, rapprochant plus Robinhood de Donald Duck que d'Al Green. New Establishment reprend ensuite les choses là où un James Brown hippie les aurait laissées avec Ridin' High. Voilà maintenant 6 morceaux que l'on danse comme de beaux diables, il faudrait maintenant penser à emballer. C'est Tina Jackson qui se charge donc de prendre les choses en main avec sa reprise de Magic Man tandis que This Love Is Mine de Perfect Circle permet de conclure en douceur. Le réveil se fera au son de deux mid-tempo affichant plus de 8 minutes au chrono: Just You And Me de Juggy Murray et I Apologise de Bigfoot, ce dernier ayant peu de chose à voir avec la grosse bête poilue du même nom, quoique...

Soul Salad


I know: the artwork on the cover is horrible and the name absolutely cheesy. Buying such a record can be considered like a nonsense by many. They're wrong: the content is pure fire with 10 soul and funky underground nuggets and plenty of killing breaks to sample.

dimanche 17 mai 2009

Jimmy McGriff - Dig On It (Connoisseur Collection - 2000)

Vous causer hier d'orgue Hammond m'a donné envie de continuer aujourd'hui dans la même veine en abordant le cas de Jimmy McGriff, notamment les années Groove Merchant du bonhomme, ici résumées. McGriff avait auparavant sévi sur Sue, Solid State et Blue Note (Electric Funk, sorti en 1969, est ainsi absolument obligatoire, ne serait-ce que pour sa mythique pochette), mais ses albums réalisés pour Groove Merchant au fil des années 70 constituent, au sens de beaucoup , l'apogée créative de sa carrière. Sa patte jazz, déjà fortement influencée par la soul et le funk, subit aussi alors les assauts du disco et de l'électronique naissante. Il n'y a peut-être que Roy Ayers ou les deux frères Mizell pour avoir su aussi bien maîtriser ces quatre genres rois à la fois et surtout de façon aussi accessible, durant cette période. Qu'il reprenne Isaac Hayes (Theme From Shaft), Marvin Gaye (What's Going On), James Brown (Ain't It Funky Now), qu'il s'essaie au space disco avant l'heure (Space Cadet, sommet mélancolique du disque) ou reste fidèle à sa sauce jazz groovy qui a fait sa renommée, Jimmy Mc Griff ballade son toucher magique avec une classe inégalée. Le mot cool n'est pour une fois absolument pas galvaudé pour le qualifier. Questions breaks, ils sont aussi beaucoup à lui devoir une fière chandelle, tant le bonhomme fût largement samplé par les planètes hip hop et electro. Rien que les albums sortis sur Groove Merchant ont ainsi largement alimenté les Chemical Brothers, A Tribe Called Quest, Black Sheep, Latryx, OC, KRS-One, Cypress Hill, Onyx et même Westside Connection. Tous les morceaux ainsi utilisés ne figurent pas (hélas) sur Dig On It mais il s'agit d'une excellente première approche de son oeuvre, qui donnera immanquablement envie de s'attaquer ensuite à la recherche des originaux, encore largement disponibles en CD.

Jimmy McGriff - Space Cadet

My last post, about Hammond organ, makes me want to write a little something about Jimmy McGriff and his magic organ. No I'm not talking about a gay porn star but about the jazz musician. Dig On It is an excellent introduction to the guy and his records made for Groove Merchant during the 70's, the best of his carreer, when he blended perfectly his jazz with funk, soul and, yes, disco.

samedi 16 mai 2009

Grooovy Sounds Unlimited & Mr Fine Wine present Vital Organs (Grooovy Sounds Unlimited - 1999)

Il y a une petit bout de temps que je voulais écrire un rapide post sur Vital Organs. Je n'en avais juste trouvé ni le temps ni l'occasion et il fallait juste laisser le truc mûrir, reposer en paix pour y revenir plus tard. En plus, pour une fois, le titre en résume bien le contenu: c'est groovy, instrumental et il y a de l'orgue Hammond dedans. Largement de quoi réchauffer les coeurs et les pieds après une journée perdue à visiter des merdes hors de prix en espérant devenir un jour propriétaire immobilier. Vous pouvez aussi, bien sûr, écouter ce disque pour d'autres occasions et en meilleur compagnie que des agents immobiliers abrutis et véreux. D'autant que cette compilation de rare groove rare de chez rare cultive de surcroît le paradoxe d'être elle même épuisée et donc à son tour rare de chez rare. La probabilité de voir un jour ces morceaux réédités par l'un des hardis labels défenseurs de la loi HADOPI étant quasiment proche de zéro, vous remercierez donc bien chaleureusement tonton Zorba de vous en faire profiter. Si vous avez le temps et appréciez le genre (mais vous ne seriez pas sur ce blog autrement), je vous recommande aussi vivement le podcast du sélecteur, Mr Fine Wine (http://wfmu.org/playlists/SV)

Grooovy Sounds Unlimited & Mr Fine Wine present Vital Organs

Vital Organs = 10 funky and groovy rare instrumental scorchers with plenty of Hammond organs in them. This record is now completely out of stock everywhere so the only chance to keep it alive is just to share it.

dimanche 10 mai 2009

The Sweet Vandals - Love Lite (Unique/Differ-ant - 2009)

Après les vagues acid-jazz, nu soul et electro, le R&B actuel a les deux yeux fixés dans le rétroviseur et connait une vague de retour aux fondamentaux comme on n'en avait pas vu depuis la Northern Soul. Puisque beaucoup a déjà été inventé et que le R&B a fait avancer la musique populaire pendant presque 10 ans alors qu'on ne lui avait rien demandé (c'est vrai quoi, cette musique est d'abord faite pour danser ou baiser), rien ne vaut de se reposer sur ses glorieux lauriers en pastichant la deep soul ou le funk tels que le jouaient à la fin des 60's et au début des 70's les anciens. Vous ne trouverez donc aucun éléments "moderne," pas le moindre petit kick electro: tout respire ici le son chaud et organique des vrais instruments, enregistrés à l'ancienne en quelques sessions enfiévrées. Nul producteur démiurge génial non plus derrière la console: le talent des musiciens (Javier Gomez à la batterie, Jose Herranz à la guitare, Santi Vallejo à l'orgue et Santi Martin à la basse) et la voix de la chanteuse (Mayka Ediole, impeccable) sont quasiment seuls à l'origine de la réussite ou non du projet. Car c'est là un point commun à cette vague retro soul: succès d'Amy Winehouse oblige, seules (ou presque) les chanteuses ont le droit de s'exprimer. Et tout le monde s'y met, tous unis dans la grande internationale de la nostalgie. The Sweet Vandals sont ainsi des Espagnols. Mais ils auraient tout aussi pu venir de Londres ou New-York, tant leur recette fonctionne à la perfection. Il ne manque pas un bouton de guêtre, pas une envolée de cuivre ou d'orgue hammond, pas le moindre hurlement félin. En ces temps anxiogène de crise, The Sweet Vandals fournissent du bonheur sans risques, du soma à bon compte et sans prise de tête. Comment tout cela va-t-il finir? On s'en bat les couilles en fait car dans un an on aura juste tout oublié et on sera passé à autre chose ou à 10 autres groupes dans le même genre.

The Sweet Vandals - I Hate To Hate You


The Sweet Vandals are a Spanish combo famous for their explosive lives. They play the kind of soul and funk you could listen to at the end of the 60's and at the begining of the 70's and are a rather good band of the nowadays retrosoul movement. The only question is: what the fuck should we take care of this kind of music? The best musicians ever have been there and done that 30 years ago. It's just that we live an economic crisis and rather harsh times right now and this kind of sound heals you for the 45 minutes of the records. Same as drinking a good beer in fact.

samedi 9 mai 2009

Wizzz - Psychorama Français 66-71 (Musiques Hybrides - 2001)

Scène vécue et entendue hier en me promenant dans la rue derrière deux militaires en grande tenue s'en revenant des cérémonies de célébration du 8 mai (un colonel et un lieutenant-colonel): après une disgression sur le Chant des Partisans et l'indéfectible attachement des anciens résistants à celui-ci, le colonel conclut sur un admirable "Eh bien, ce fût un plaisir de partager ce moment de communion nationale et républicaine avec vous". "Tout à fait" répondu le lieutenant-colonel. Les artistes de Wizzz communiaient eux plutôt tous les jours dans le sexe, la drogue (LSD de préférence) et le rock'n'roll. Ils sont aussi parmi les seuls spécimen d'artistes des 70's ayant tenté de s'aventurer en dehors des chemins balisés et commerciaux élaborés par les maisons de disque et la presse pour jeune de l'époque. Salut Les Copains ou Melle Âge Tendre ont rarement parlé de Charlotte Leslie, Richard De Bordeaux, Daniel Beretta, des Fleurs De Pavot, de L'Oeil ou des Papyvores et de leur rock des plus suggestifs à fortes teintes psychédèliques. La perle de Wizzz reste le maintenant très connu et culte La Drogue, signé Richard de Bordeaux et Daniel Beretta, joyeuse apologie de la défonce. Les notes de pochettes, érudite et passionante, nous apprennent d'ailleurs tout un tas d'anecdotes sur ces deux artistes. Découverts par Mireille, du Petit Conservatoire, stars télévisuelles, les duettistes font même la première partie de Mireille Matthieu à L'Olympia en 68!!! Ils splittent peu de temps après. Tandis que Richard de Bordeaux se reconvertit avec succès dans la pub (ouah un soixantehuitard qui se fait plein de thunes dans la pub, quel parcours original!!!) puis dans le générique de dessin animé (Bibifoc), Daniel Beretta se spécialise dans les doublures de voix et deviendra la voix française d'Arnold Schwarzenegger!!!

Wizzz - Psychorama Français 66-71

Wizzz celebrates sex, drugs and rock'n'roll in a French manner. In fact, french rock was completely sanitized in the 60's and 70's and it was pretty rare to ear artists singing songs about something else than love. Only a handful of artists tried to follow the psychedelic frenzy of the time. Wizzz presents the best tries.

jeudi 7 mai 2009

Roma Violenta - La Cinevox Si Incazza (Cinevox - 2003)

J'ai trouvé une excellente définition des "poliziotteschi" sur la jaquette des DVD de la collection Italie A Main Armée de Neo Publishing. "Dans les années 70, l'Italie évolue dans un climat social trouble et particulièrement violent. La police et les politiciens sont corrompus, la mafia et les contrebandiers règnent en maître sur le pays. Le terrorisme, avec les Brigades Rouges et tous les autres groupes subversifs, fait planer un sentiment d'insécurité. La réponse du cinéma italien pour exprimer les angoisses d'une société profondément agressée se fait sous la forme de ces polars âpres et très politquement incorrects. Ils ont en général pour héros un flic solitaire qui décide de combattre le crime avec les mêmes armes que ses adversaires. Fusillades, agressions, courses poursuites, actes de violence gratuits en sont les ingrédients de base", avec des bandes originales qui tuent le plus souvent leur race. On peut trouver celles-ci en CD pour au minimum 40 euros. J'en ai même vues qui dépassait les 100 euros. Et je ne vous parle pas du prix des vynils. Pour les amateurs, à part le p2p, les compilations sont donc le moyen les plus accessible pour découvrir cet univers composé de rythmiques funk explosives, de guitare wah wah endiablées, d'arrangement de de cordes classieux et de synthès psychés, auquel se sont frotté tous les grands noms de la BO rital. Roma Violenta réunit ainsi quelques uns des thèmes les plus connus du genre, signés Stelvio Cipriani, Goblin ou encore Franco Bixio. Ils illustrent les exploits de Tomas Milian, Luc Merenda ou Maurizio Merli dans des films aux titres aussi évocateurs que La Via Della Droga, Squadra Antigangsters, Napoli Si Rebella ou Il Giorno Del Cobra. Et si la musique est bien, que valent les films me direz-vous? J'ai en acheté trois pour une poignée de roupies, dont vous ne trouverez d'ailleurs aucun extrait dans Roma Violenta: Roma A Mano Armata (Brigade Spéciale), Il Trucido E Lo Sbirro (Le Clan Des Pourris) et La Banda Del Trucido (L'Exécuteur Vous Salue Bien). Globalement, pour les amateurs de films déviants, le spectacle vaut le détour. Imaginez la truculence et la violence des western spaghetti (qui expriment les mêmes angoisses que les "poliziotteschi" et parlent aussi surtout de l'Italie) alliée à un zest de Dirty Harry et quelques influences de polar à la française à la Melville.

Goblin - La Via Della Droga

Roma Violenta is a musical tribut to a cinema genre that produced absolutely brilliant soundtracks: "poliziotteschi", the italian cop movie. In a good "poliziotteschi", you usually can see a bad ass cop that decides to clean the city, the end justifying the violent means. Globally it was a way for italian cinema to express the decay and the violence of italian society during the dark years of the 70's.

mardi 5 mai 2009

SK 200 - Compiled By Jazzanova (Sonar Kollektiv - 2008)

Les Jazzanova se trainent l'image de mecs qui passent leur temps à écouter du broken beat et de l'acid jazz en compagnie de Gilles Peterson. Ce n'est quand même pas complètement faux et l'on retrouve pas mal de ces deux genres sur SK 200, compilation réalisée pour fêter la deux-centième sortie de leur label, Sonar Kollektiv. Mais il serait réducteur de réduire ce formidable groupe allemand à ces deux genres. DJ's accomplis mais éclectiques (l'une de leur soirée au WMF de Berlin est l'un de mes meilleurs souvenirs clubbing), producteurs de talents, les Jazzanova font aussi parti de ceux qui ont remis la deep house au goût du jour (ils furent les premiers à distribuer Innervisions, le label de leurs potes Âme et Dixon), sont capables de défricher infatigablement des pépites oubliées, que ce soit une merveille psyché brésilienne (Like A Rainy Night de Paul Bryan) ou du rare groove cubain (Y Que Se Sepa d'Orchestra Los Van Van), de sélectionner un morceau de house à rendre Carl Craig jaloux (Inner Soul de Roland Appel), sans oublier de prendre avec le même bon goût le train folk, avec les excellents Thief ou Clara Hill's Folkwaves. On regrettera juste l'absence d'inédits sur SK 200, l'immense majorité des titres proposés étant issus du catalogue des sorties récentes du label. Mais ce sera une excellente occasion de découvir la magie Sonar Kollektiv pour les néophytes et celà permettra à tout ceux laissés sur place par le rythme soutenu des sorties du label de se rattraper.

Paul Bryan - Like A Rainy Night

SK 200 is a compilation realised by Jazzanova for the 200th catalogue number of their label , Sonar Kollektiv. Quality and ecclectism assured: you can buy it your eyes closed but your ears wide opened.

dimanche 3 mai 2009

Ugly Mac Beer Invasion II - Happy...Doomsday ! (Mixtape - 2009)

Puisque ces derniers jours j'ai cité dans chaque post le nom d'Ugly Mac Beer, autant signaler cette mixtape non officielle de MF Doom dont il est l'auteur. Légende vivante, symbole ultime du hip hop backpacking (le genre qui ne fera pas vraiment votre copine et dont l'auditoire est à 90% masculin et plutôt blanc), MF Doom a multiplié les projets, les apparitions et les pseudonymes depuis son apparition au mitant des années 90 (Viktor Vaughn, King Geedorah, Madvillain (son projet avec Madlib), Dangerdoom (son projet avec Danger Mouse), GhostDoom ou encore Metal Fingers, son projet instrumental) mais sans jamais quitté un masque de métal d'opérette qui cache son véritable visage. Ugly Mac Beer réalise avec Happy...Doomsday ! un excellent florilège de l'oeuvre protéiforme du super-héro du hip hop. Bien sûr, les amateurs ont déjà plusieurs de ses albums et il y a peu ici de morceaux inédits, tout juste un remix de Hoe Cakes et un autre de Datura Stramonium. Mais ils pourront toujours se ratrapper en se livrant au grand jeu du blind test en tentant de deviner de quel album chaque morceau est tiré.

Ugly Mac Beer Invasion II - Happy...Doomsday !

MF Doom is a true underground legend. His mixtapes are pretty rare and this one must not be neglected, even if is not very rich with unreleased material.

samedi 2 mai 2009

Chinese Man records - The Groove Sessions Vol. 2 (Chinese Man Records/Differ'ant - 2009)

J'en vois déjà qui frémissent: non seulement les chinetoques nous piquent notre boulot, nous fourguent du lait frelaté à la mélanine, nous empoisonnent avec leurs nems au rat malade, humilient notre bon Président en nous prenant pour des nains géopolitiques, mais en plus ils se mettent à nous faire danser. Holà, doucement, calmez-vous: Chinese Man records n'est pas plus la cinquième colonne de la Chine comuniste que le Wu-Tang Clan n'est constitué d'acteurs de la Shaw Brothers reconvertis. Chinese Man records a ses racines ancrées dans le pastis, la pétanque, le mistral et le Panier et la dégaine tranquille de bobos marseillais. Pendants sudistes d'Ugly Mac Beer et de Mister Modo, dont je parlais hier, les trois producteurs du collectif (Zé Mateo, Sly et High Ku), revendiquent leur filiation avec la galaxie abstract hip hop, le rap east coast des 90's et son pendant plus récent de la côte Ouest (les galaxies Quannum et Stones Throw), avec une petite pointe de sono mondiale (baile funk, afrobeat, bollywood) pour épicer les samples. Sur le Volume 2 de leurs Groove Sessions, nos compères enrichissent leur répertoire et la recette déjà utilisée sur le Volume 1, n'hésitant plus à faire appel à des rappeurs, inconnus au bataillon, (CYPH4 sur Post Trauma, White Jive sur Ordinary Man, Plex & Lush One sur Batteries Not Included, Franco sur Our Time) avec en guise de cerise sur le gâteau, un remix de DJ Sandrinho de l'africanisant Ayoyo Na Macumbinha et, comble du luxe, un remix réalisé pour Femi Kuti (Day By Day). Que du bon.

Chinese Man - Ayoyo

Chinese Man records is a French southern collective of producers and a record label from Marseille. Largely influenced by the classic boom bap hip hop of the 90's and by the californian abstract hip hop school (Quannum, Stones Throw), they dig deeper this time with strong bollywood, african and bresilian samples.

vendredi 1 mai 2009

Mister Modo & Ugly Mac Beer - Modonut (Kif Records - 2009)

Artificiers malicieux du sample et du beat qui frappe, Mister Modo et Ugly Mac Beer reprennent les choses là où les compilations Source Lab, Headz et la première vague French Touch les avaient laissées: un abstract hip hop malicieux, inventif et léger. Il faut dire que toute cette école de producteurs biberonnée à l'époque dorée du hip hop east coast (DJ Premier, Prince Paul, Pete Rock, Large Professor, RZA) et très influencée par ses descendants plus contemporains (Madlib, Jay Dee, 9th Wonder, Kanye West, Just Blaze) avait faillit être balancée avec l'eau du bain de l'infâme vague lounge et ses compilations de limonadiers. Pourtant, il y a fort peu de risques que Mister Modo et Ugly Mac Beer se soient hasarder à aller prendre leur petit déjeuner à l'Hôtel Costes en compagnie de Stéphane Pompougnac, trop occupés à fumer des tarboules dans leur studio en écoutant des BO de porno des 70's ou des albums de MF Doom. Modonut, très largement playlisté par Radio Nova ces derniers mois, remplit donc complètement son contrat entre nu soul, grâce à la formidable voix de Jessica Fitoussi, hip hop, avec le renfort d'El Da Sensei, Mike Ladd et Kancick, breakbeat et interludes rigolos (Dernier Verre notamment, avec un clône vocal d'Edouard Balladur). Pas vraiment révolutionnaire pour un 1er mai, Modonut reste néanmoins très largement satisfaisant pour chiller au soleil après la manif.

Mister Modo & Ugly Mac Beer feat. Jessica Fitoussi - Not Afraid (7inch Version)

Mister Modo and Ugly Mac Beer are two French producers largely influenced by the east coast hip hop classic sound of the 90's. Between nu soul, hip hop and breakbeat, Modonut reminds the time of the Source Lab and Headz compilations.