vendredi 31 octobre 2008

Bost & Bim - Yankees A Yard (Bost & Bim - 2005)

Il y a deux écoles pour concevoir une mixtape. Les tenants de la première tente d'assembler des exclusivités et des tubes. La seconde école, plus récente, vise réunir un ensemble de remixes exclusifs, réalisés par les soins de l'auteur de la mixtape. Cette dernière école a même initié quasiment un micro-genre, celui des relectures des titres de Jay Z, assaisonnés maintenant à toutes les sauces depuis que celui-ci publie systématiquement une version a capella de chacun de ses albums. Bost & Bim appartiennent eux-aussi à la seconde école puisqu'ils ont assaisonnés à la sauce reggae 37 tubes hip hop, R&B et soul (Beyonce, 50 Cent, Snoop & co mais aussi Al Green, Marvin Gaye ou Stevie Wonder), avec des riddims de leur composition. A vrai dire, je n'ai découvert Bost & Bim que récemment, grâce à leur relecture du American Boy d'Estelle en Jamaican Boy, dont j'ai déjà précédemment parlé, titre matraqué en boucle sur Radio Nova. Je me suis donc penché sur la discographie de ce duo français, apparemment des soutiers et vétérans du reggae français , encore injustement méconnus du grand public malgré une carrière débutée en 1991. A vrai dire, les scénes reggae et dub françaises, si elles bénéficient parfois du soutien de grand public, restent largement ignorées par la presse musicale. Reste que, sans être un spécialiste du reggae ou du dancehall contemporain, scène devenue quand même vachement spécialisée et parfois un peu hermétique avec la dureté du son digital, je dois convenir que leurs riddims semblent tuer litérallement leur race à mes oreilles profanes. Ces gars là ont du talent et il convient de le faire savoir, d'autant que Yankees A Yard, publié à compte d'auteur, se trouve pour 10 euros dans toutes les bonnes crémeries.

Kelis - Trick Me (Bost & Bim Remix)

Killer reggae mixtape by French best, but largely unknown, reggae producers. Their blend of hip hop, R&B et soul smashes over original reggae riddims is pure fyah!!!

lundi 27 octobre 2008

Hercules And Love Affair - Hercules And Love Affair (DFA - 2008)

Ne vous laisser pas abuser par l'imagerie grecque de pacotille pour sauna louche. Hercules And Love Affair est la preuve que des groupes peuvent être profondément pédés sans tomber dans la pitrerie kitsch et camp à la Village People, Army Of Lovers ou Scissors Sisters. La culture gay à laquelle renvoit Hercules And Love Affair n'est pas celle de tafioles à plumes mais sent l'hédonisme, le stupre, la drogue, le disco, la house et la danse des années d'avant le sida, telles que les vécurent pas mal de new-yorkais sur la piste du Paradise Garage ou du Studio 54. Cet album parait même avoir été composé avec pour saints patrons Larry Levan, David Mancuso, Arthur Russell et les cadors (homos) de la house du début des années 90 (Frankie Knuckles, Junior Vasquez, David Morales). Les morceaux purement disco sont exceptionnels d'inventivité (les cuivres et le refrain de Hercules Theme, collant comme un chewing-gum, Raise Me Up qui se part de surprenants atours dub, l'irrésistible et tubesque Blind, les accents punk funk et jazzy de This Is My Love) mais ce serait être réducteur de réduire l'album au seul disco. La ligne de clavier plus classiquement house de You Belong rappelle irrésistiblement des groupes qui se terminaient par city (Inner City et Ten City) tandis que le neurasthénique Iris est du niveau de ce que sort Italians Do It Better. Les morceaux d'Andrew Butler bénéficient en fait de trois gros avantages. D'abord ce sont avant tout de putain de grandes chansons, très bien écrites. Ensuite, ce dernier reçoit un renfort de poids en Tim Goldsworthy, magicien avéré, qui s'occupe de la programmation des rythmiques. Enfin, les vocaux sont assurés par des interprètes de première, dont, excusez du peu, Antony Hergarty, qui a laissé ses Johnsons au vestiaire. Puisque arrive à grands pas l'heure des bilans de fin d'année, je me rend compte que ce disque est resté sur le haut de la pile depuis plusieurs mois. C'est tellement rare d'écouter un CD pluieurs fois de nos jours... Un treizième travail d'Hercule...

Hercules And Love Affair - You Belong




Astounding album. A must have for 2008, that will stand the test of time. Hercules And Love Affair is the proof that an overtly gay band can be something else than camp sissies.

Hercules And Love Affair - Blind



dimanche 26 octobre 2008

Celeste - Cinco E Triste Da Manhà (Tapecar/Amazon - 1978)

Selon la bible des blogs sur la musique brésilienne, Loronix, Cinco E Triste Da Manhà, premier album de Celeste est sorti en 1978. Les somptueux arrangements y sont signés J.T. Meirelles and Chiquinho de Moraes, alternant ballades suaves, soul (Foi Assim, que l'on jurerait tiré de la B.O. d'un James Bond brésilien), variétoche classieuse (Sinal De Solidao), bossa nova (Serrado, Vergonha E Nao Lutar) et fulgurantes intuitions proto electro (Cinco E Triste Da Manhà, Sonhos, Amor A Três) qui rappelent curieusement ce que peut faire un groupe comme Air de nos jours. Ce sont surtout ces trois derniers morceaux absolument bluffants , ainsi que la voix à couper le souffle de Celeste, qui méritent de traquer et commander ce disque à l'autre bout du monde, d'autant qu'il se trouve sur certains sites américains (dont notamment http://www.dustygroove.com http://www.musicstack.com) pour une poignée de dollars (celui qui arrive à le trouver en France à un prix raisonnable aura beaucoup de bol). On peut se plaindre que ce blog, intitulé The Breakz, propose en fait très peu de breakbeats. Eh bien, les trentes premières secondes de Sonhos devraient être avalées toutes crues avec gourmandise par les meilleurs samplers.

Celeste - Sonhos

Celeste first album, Cinco E Triste Da Manhà, is a well hidden secret, cherished by a handful of connoisseurs, for Celeste beautiful voice and more especially for three tracks, Cinco E Triste Da Manhà, Sonhos, Amor A Três, which sound a bit like what bands like Air are actually producing. The first 30 seconds of Sonhos are a fabulous breakbeat.

samedi 25 octobre 2008

La Forteresse Cachée (The Hidden Fortress) (Akira Kurosawa - Toho/Wild Side Films - 1958)

Aborder un chef-d'oeuvre authentique du patrimoine cinématographique mondial est toujours un exercice intimidant en France. Par peur de se frotter à la culture dite "majeure" peut-être, le cinéma ayant été élevé au rang d'art majeur par une école critique ancrée dans la théorie et la posture intellelectuelle pure et n'ayant pas encore su dépasser la politique des auteurs initiée par François Truffaut en 1955. On en oublie, du coup, que si les écrits sont souvent abscons et obscurs, les oeuvres cinématographiques étudiées peuvent être, elles, d'une simplicité et d'une beauté lumineuse. La preuve avec La Forteresse Cachée, chambara picaresque comptant l'épopée d'une princesse, d'un général et de deux voleurs dans la tourmente des guerres des clans du Japon médiéval.

Pourquoi donc crier donc au chef-d'oeuvre pour un banal film d'aventures en kimono? Pour quelques raisons toutes simples:

- Le film a beau avoir été réalisé en noir et blanc en 1958, il reste d'une modernité formelle ébouriffante.
- Mené sans temps mort, son tempo enfonce ue bonne partie de la production contemporaine.
- Sa simplicité, sa lisibilité, son ancrage dans le grand spectacle populaire sont ici des signes manifestes d'intelligence.
- Le cinéma est un art et à contempler l'agencement des plans, la beauté de la photographie, les mouvements de caméra et en regardant juste ce que l'on voit à l'image, on touche du doigt instinctivement ce qui sépare un véritable cinéaste d'un tâcheron.
- Chaque scène paraît anthologique, de la révolte des prisonniers au duel au milieu des drapeaux en passant par les ballets de la fête du feu.
- Il contient en germe tout un cinéma populaire à venir. Le ton picaresque annonce celui du western spaghetti tandis que Georges Lucas confessera être venu y chercher la trame de Star Wars.



The Hidden Fortress is an authentic masterpiece, far from the boring 50's movie I first thought it would be.

dimanche 19 octobre 2008

Fleet Foxes - Fleet Foxes (Bella Union - 2008)

Comment parler de Fleet Foxes? Comment encore trouver un truc original à dire sur ce groupe avec l'hystérie critique qui les entoure? Faut-il vraiment perdre son temps à trouver une approche originale lorsque un quintet fait à ce point l'unanimité? Vous aurez donc compris que tout le monde, de Pitchfork, qui leur a collé un 9.0 ( http://www.pitchforkmedia.com/article/record_review/51076-fleet-foxes-fleet-foxes) aux Inrocks (leur concert prévu à l'Olympia dans le cadre du Festival des Inrocks du mois de novembre a été le premier complet), en passant par par la bande des quatre T Trax, Tsugi, Technikart, Télérama et en fait l'ensemble des blogs musicaux mondiaux, tout le monde trouve ça bien. Il est vrai que la barre est haute. La pochette reproduisant un tableau de Bruegel l'Ancien a impressionné tout le monde et donne au groupe une petite touche intello et cultivée qui flatte l'auditeur et le critique. Rien à reprocher non plus aux artistes mentionnés dans les remerciements de l'album. Il n'y a que du lourd, du sérieux là encore, et nulle influence honteuse italo-disco ou glam rock: Karen Dalton, Brian Wilson, Joanna Newsom, Bob Dylan, Neil Young, John Atkins (non pas Juan Atkins ne rêvez pas), Gilberto Gil, Arthur Lee, Marvin Gaye, Damien Jurado, Paul Simon, John Lennon, Townes Van Zandt, Vashti Bunyan, Van Morrison mais aussi, excusez du peu, Charles Mingus, Stravinsky, Ravel, Debussy, Steve Reich. Alors, devant un tel étalage d'érudition musicale, moi j'ai envie de leur parler aux Fleet Foxes, de tenter de rentrer en contact avec eux Eh oh ça va pas les mecs, vous ne savez pas qu'aujourd'hui la seule influence qui vaille c'est Daft Punk? Vous avez entendu parler de l'afrobeat et du disco?Vous espérez vraiment séduire d'autres personnes que les trentenaires et les quadragénaires amateurs de rock indé? Vous rigolez quand même des fois? Bien sûr c'est super beau votre musique. Il n'y a rien à dire, pas une note de travers. Vos harmonies sont splendides, vos choeurs aériens, vos envolées de chordes magiques. Mais bon, quand même, quand est-ce qu'on danse?

Fleet Foxes - White Winter Hymnal



Splendid music but you can't help to ask a question to those guys: do you have fun sometimes?

Fleet Foxes - He Doesn't Know Why

samedi 18 octobre 2008

Ruthie Foster - The Phenomenal Ruthie Foster (Blue Corn Music/Proper Records - 2006)

Agréable découverte de ce samedi d'octobre ensoleillé, Ruthie Foster semble, si l'on en croit sa biographie officielle, s'être pas mal cherchée et appartient même à la catégorie des chanteurs qui marchent au diesel: de longues années de tournées et de galères dans divers groupes, une signature avortée sur Atlantic et un premier album, The Phenomenal Ruthie Foster, qui commence à trouver son public deux ans après sa sortie. En fait, Ruthie Foster semble avoir trouvé sa voie en se rappelant ses origines texanes et en ancrant sa musique dans ce que les sudistes maîtrisent le mieux (non on ne parle pas ici de dirty south, de snap, de booty bass ou de crunk): la deep soul, le gospel, le blues et la country, genres maîtrisés à la perfection avec la classe, la nonchalence facile désarmante et la perfection des plus grandes, ausquelles la presse U.S. l'a rapidement comparée (Aretha Franklin, Ella Fitzgerald, excusez du peu). Sa reprise du Up Above My Head (I Hear Music In The Air) de Sister Rosetta Thorpe est ainsi tout simplement splendide et rappelle un peu le Way Down In The Hole de Tom Waits, qui sert de générique à la défunte et excellente série The Wire. 'Cuz I'm Here qui ouvre l'album, est lui capable d'en remontrer à pas de jeunes divas de la scène néo-soul, tout comme d'ailleurs Heal Yourself ou Fruits Of My Labor.

Il fallait oser appeler son premier album The Phenomenal. Même les rappeurs shootés au syrup qui pullulent en ces contrées, catégorie d'artistes pas franchement portés sur la modestie, n'avient pas osés. Concernant Ruthie Foster, cela s'est avéré être une excellente idée.

Ruthie Foster - 'Cuz I'm Here

Ruthie Foster is a slow-burner. It took her several years before success came at the door. But when you consider the quality of her first album, The Phenomenal Ruthie Foster, it is largely deserved.

mardi 14 octobre 2008

T-Love - Long Way Up (The Basement Tapes) - (Brawl Records - 2008)

Long Way Back fût l'une des plus agréables suprises de l'année 2003. Depuis, on avait un peu perdu de vue la rappeuse Taura Love, alias T-Love, jusqu'à ce que ce florilège de titres rares et inédits sorte un peu par surprise. Si l'on en croit la bio de la rappeuse, il s'agirait même de son testament, la belle ayant décidé de se consacrer au chant de laisser tomber le rap. C'est dommage, car elle montre une parfaite maîtrise des deux disciplines, chose suffisamment rare pour être signalée. Pour son chant du cygne, justement, T-Love s'est plongée dans ses archives, exhumant 21 perles enregistrées entre 1988 et 2002 avec Mudfoot (devenu ensuite Alchemist), DJ Lethal (jadis DJ des sautillants House Of Pain), The Herbaliser, Kenny Segal, Frankenstein, Beyond There, Mike Green ou encore That Kid Named Miles. Bien que soniquement daté, force est de constater que l'ensemble est plus que solide et tient même encore franchement la route. Tout considéré, la qualité de l'ensemble est même mille fois plus fraîche que pas mal de trucs sortis dernièrement. C'est peut-être même là le problème: écouter des chutes de studio enregistrées dix ans en arrière et se rendre compte que c'est mieux que ce qui est fait aujourd'hui. Ou bien c'est la preuve manifeste que l'on vieillit et que décidemment tout était VRAIMENT mieux avant, ou bien c'est juste la preuve qu'une certaine partie de la scène hip hop contemporaine, une fois sorti de la grosse artillerie commerciale, n'a pas forcément brillé dernièrement par sa capacité à innover. et à inventer de nouvelle formes. Si pas mal de morceaux de Long Way Up sont bâtis sur le même schéma (une boucle jazzy, quelques scratchs et échos sur un beat boom bap), quelques morceaux se détachent particulièrement et se révèlent être même de purs et rares moments de grâce. On My Mind, produit par Beyond There, s'avère être très largement au niveau de ce que fait aujourd'hui à prix d'or Mark Ronson pour Amy Winehouse. Quand on écoute Foolish Pride, on comprend aussi beaucoup mieux la longévité d'un groupe comme Herbaliser, responsable de l'instru. Take Control, oscille lui entre drum&bass et nu-soul tandis qu' Aromatherapy retrouve l'esprit des premiers morceaux de Portishead. On soulignera enfin l'efficacité de Fortress, comme échappée d'une session avec DJ Premier, même si c'est Frankenstein qui est derrière la console. On signalera tout de même juste pour rire qu'il existe aussi un chanteur polonais atroce qui répond au nom de T.Love. Par pitié pour vos oreilles, vous ne trouverez dans ce blog aucun lien conduisant vers des extraits de son oeuvre.

T-Love - On My Mind

Long Way Up is the last effort of T-Love in hip hop, T-Love (who must not be mistaken for the shitty polish singer named T.Love) renouncing to rap for a full-time signing career. She digged deep in her personal archives to exhume 21 excellent songs, some of which are absolutely oustanding (On My Mind, Foolish Pride, Take Control, Aromatherapy, Fortress).

samedi 11 octobre 2008

The Easy Project II - House Of Loungecore (Sequel Records - 1996)

Les bacs à solde des disquaires peuvent receler de fabuleuses merveilles sous l'emballage le plus hideux. Prenez par exemple House Of Loungecore. Le nom lounge, d'abord, fait peur, tant le terme fut dévoyé par des compilations pour mangeoires toutes plus frelatées les unes que les autres et que la nourriture servie dans ces endroits infâmes. Prenez la pochette, ensuite, qui fait de gros efforts pour paraître téléportée des 60's mais qui est juste grotesque: on ne croît pas plus aux couleurs psychés qu'au clône de Georges Lazenby se faisant dégraffer la chemise par une blonde en mini short. Et pourtant, échappée de la vague de réhabilitation de l'easy-listening qui déferla en même temps que l'invention du trip-hop au milieu des années 90, House Of Loungecore fait la part belle à la crême des compositeurs de musique de film britanniques des 60's et 70's (Roy Budd, Laurie Johnson) et à une poignée de requins de studio ici particulièrement inspirés (John Schroeder, Alyn Ainsworthn Tony Hatch), à priori tous publiés sur le label Pye Records. L'inspiration et la tonalité principale sont donc plutôt à chercher du côté de la musique de film ou de la library music de la même époque, plutôt que de l'easy listening stricto sensus, et souffre sans aucune difficulté la comparaison avec ce que sortaient à la même époque Ennio Morricone, Riz Ortalani ou François de Roubaix, avec en plus une petite touche swinging london. Cuivres rutilants, choeurs féminins, guitares wah wah, et envolées de moog sont donc de la partie mais il ne pas faut s'étonner qu'ils fassent subir les derniers outrages au Pinball Wizard des Woo. Et pour les amateurs d'incongruité, il convient de souligner l'étrange ressemblance entre le refrain de la scie Wonderwall d'Oasis et celui du beaucoup moins connu (du moins chez le commun des mortels) Wana Nana Wana Nana de The John Schroeder Orchestra. Signe qui ne trompe pas, le disquaire qui m'a vendu ce disque 5 euros fût particulièrement dégoûté du rapport qualité/prix en ma faveur d'acheteur à l'écoute du disque, réalisant que la qualité du bien aurait justifié facilement 5 euros de plus.

The Harry Roche Constellation - Pinball Wizard

Far from being a frelated bar or restaurant compilation, House Of Loungecore reunites the cream of the crop of british film composers of the 60's and 70's (Roy Budd, Laurie Johnson) and a few, this time well inspired, pop composers (John Schroeder, Alyn Ainsworthn Tony Hatch). The result is not far away from what Ennio Morricone was doing at the same time.

Roy Budd And His Orchestra - Fear Is The Key (Main Theme)

jeudi 9 octobre 2008

Gorge Profonde (Deep Throat) (P.D. Inc. - 1972)

Alors là, afin de ranimer une audience défaillante, Zorba le Break va faire dans le trivial, le cul, la gaudriole, le graveleux. Gorge Profonde, c'est d'abord un film légendaire à la trajectoire hors norme (voir sur ce sujet l'excellent documentaire Inside Deep Throat). Deep Throat, c'est le film que vos parents ou grand-parents babyboomers sont allés voir secrètement en Suisse, dont ils parlent encore l'air émoustillé. Gorge Profonde, c'est la vaguelette qui a annoncé le tsunami pornographique à venir et qui ne s'est depuis jamais tari. En quelques années la libido tout juste libérée des populations productives occidentales va être submergée par un flot interrompue de reproductions sur pellicules de l'acte sexuel de façon non simulée. Ce sont les fresques du Vicola Del Lupanare de Pompei mises enfin à la portée de toutes les bourses...Après cette remise en perspective, je dois convenir que regarder Deep Throat aujourd'hui ne procurera pas la moindre excitation sexuelle au spectateur mâle moyen. Mais on pourra contempler à loisir une époque où la représentation de la chair à l'écran était certes moins esthétique, moins épilée, mais dans l'ensemble vachement plus joyeuse. Sur un fond de papier peint à grosses fleurs et de musique psyché, Linda Lovelace et s'amis se livrent à d'amusantes bacchanales dans une apparente et communicative bonne humeur. Pour un peu, en fait, on se croirait dans les bonus de Boogie Night. Les hardeurs y ont la moustache plus grosse que la bite et la fellation, pénible passage mécanique et obligé dans le porno moderne, y est subtilement mis en abîme par le scénario du film: Linda Lovelace découvre que son clitoris se situe au fond de la gorge et que seule la fellation est à même de lui déclencher des orgasmes.

Deep Throat is the movie that your parents or grand parents went to see secretly in the 70's. Watching nowadays, is like watching Boogie Nights cut scenes: hairy girls, moustaches bigger than dicks and globaly actors having fun on the screen.

jeudi 2 octobre 2008

Africa, j'ai envie de danser comme toi

Le procès de l'Angolagate va enfin s'ouvrir le 6 octobre prochain devant le tribunal correctionnel de Paris après plusieurs années d'investigations mollement menées. Voilà qui ne raménera pas les centaines des milliers de morts des vingt-cinq années de guerre civile et ne résoudra pas non plus le marasme dans lequel l'Afrique se débat depuis la décolonisation. L'actuelle crise financière qui menace d'engloutir les économies occidentales sera de même bien entendue ramassée de plein fouet par des économies déjà vacillantes, qui se verront se fermer un peu plus la pompe à crédits. Pourtant l'Afrique est tendance. L'Afrobeat, de Foals à Vampire Weekend, est la source à laquelle viennent s'abreuver pas mal de groupes actuels, le punk funk, le krautrock et le baile funk commençant déjà à lasser leur monde. Espérons que cette vaguelette permettra à des artistes, déjà frappés par les restrictions de visa (http://www.zonefranche.com/actu_detail.php?actuzfID=829&typeactuzfID=1&PHPSESSID=b9e345f501c755), de gagner une audience trop souvent limitée au public dit de la world music et à d'autres d'enfin gagner la considération méritée.

C'est ainsi toute une scène qui commence à être découverte, du kuduro angolais au sud-africain DJ Mujava, dont le Township Funk, tout juste signé par Warp, affole toute la planète électro. Il faut dire que sa rythmique tribale, entre kwaito et breakbeat, sa mélodie synthétique bontempi à la Aphex Twin et sa basse à la Moroder forment un cocktail puissamment narcotique et entêtant.

DJ Mujava - Township Funk



Raison de plus pour aussi revenir à la source et redécouvrir de bons vieux classiques. Vampisoul se lance dans une réédition des premiers morceaux de Fela sur une très intéressante compilation, Lagos Baby, qui permet de découvrir une autre facette d'un roi de l'Afro-Beat alors encore en devenir.

Fela Ransome Kuti - Lagos Baby

Raison aussi de se rappeler du plaisir que l'on peut prendre à conduire une voiture aux beaux jours, toutes vitres ouvertes, le Disco Hi-Life d'Orlando Julius à tue-tête dans l'autoradio.

Orlando Julius - Disco Hi-Life

Africa is a new trend. Which doesn't mean that Africa will be out of trouble pretty soon.