jeudi 12 février 2009

Dee Dee Bridgewater - Bad For Me (Elektra/Warner Jazz - 1979)

Ah Dee Dee Bridgewater... Dee Dee Bridgewater c'est l'été, les festivals Jazz à Vienne ou Jazz In Marciac avec leur public de baby boomers thunés et aux tempes argentés, les rediffusions sur France Inter avec Julien Delifiori. Tout ça nous ferait presque oublier que sur la pochette de Bad For Me, Dee Dee pose alanguie, allongée au milieu de draps de soie noirs, vêtue de talons hauts et d'une combinaison rose qui lui moule les seins, avec une grosse ceinture dorée à rendre folles de jalousie Mariah Carey, Beyonce, Lil' Kim et toutes les biatches du R&B. Car Bad For Me est un vrai album de diva disco soul, faisant de Dee Dee Bridgwater l'égale des Jocelyn Brown, Cheryl Lynn ou Evelyn "Champagne" King. Avec George Duke à la production, on est même assez loin du jazz convenu et aseptisé qui est aujourd'hui la marque de fabrique de la membre du Haut Conseil de la Francophonie . Sa voix emporte tout et Bad For Me, s'il n'égale pas les classiques que sortaient à l'époque Salsoul, Prelude ou West End, groove quand même méchamment et sans temps morts. Par contre, chose curieuse, le patrimoine de Dee Dee semble avoir été très peu utilisé ou samplé et je n'ai rien trouvé du tout pour les morceaux de cet album.

Dee Dee Bridgewater - Bad For Me

Dee Dee Bridegwater is now an overrespected jazz institution, especially in France. But it's impossible to forget that she has also been an excellent disco soul diva.

mercredi 11 février 2009

I Like It - Vol. 2 (Compost - 2005)

La série de compilation I Like It reposait sur un concept simple, expliqué d'ailleurs sur la pochette: "4 music-lovers present their 3 alltime favourite tracks". Et lorsque les 4 music-lovers en question sont quand même assez pointus dans leur genre (Trevor Jackson, Pole, Richard Dorfmeister et les trois Trickski), la présentation des "3 alltime favourite tracks" tourne un peu au concours de bite: c'est à celui qui sortira son skeud le plus rare, le plus séminal, le plus pointu. Et à ce petit jeu, ce qui n'étonnera personne, c'est Trevor Jackson qui gagne avec un remix de 1986 d'Echo Of The Frozen Faces de Propaganda, morceau qui mérite à lui seul que je sois encore en train de parler de cette compilation 4 ans après sa sortie. Groupe de synthé pop allemand signé en 1984 sur ZTT, le label de l'über producteur Trevor Horn, qui ne sût d'ailleurs jamais vraiment comment les gérer, tout occupé qu'il était avec Frankie Goes To Hollywood, Propaganda fût pas mal apprécié des corbeaux et autres amateurs de darkwave jusqu'à la fin des années 80 et avait donc tout pour me casser sévèrement les burnes. Force m'est de devoir reviser mon jugement, au moins pour Echo Of The Frozen Faces, avec sa ryhtmique proto house, son saxo free, ses effets dub et ses vocaux éthérés. Pour un peu on croirait la dernière signature du label de Mike Simonetti, bien contemporain lui, Italians Do It Better.

Propaganda - Echo Of The Frozen Faces

This compilation is kinda old but you can find on it the outstanding Echo Of The Frozen Faces, a 1986 Propaganda track selected by Trevor Jackson whick could be taken for the last Italians Do It Better release.

samedi 7 février 2009

Jean-Jacques Perrey - E.V.A. - The Best Of (Ace Records - 1997)

Jean-Jacques Perrey c'est d'abord un tube, E.V.A., ovni intemporel, séminal et psyché composé en 1970. Samplé et remixé à outrance, utilisé à toutes les sauces comme synchro dans un paquet de pubs, E.V.A. fût avec le Psyché Rock de Pierre Henry et quelques morceaux de Gainsbourg, le morceau français qui eut le plus d'influence sur le cours de la musique pop jusqu'à l'avénement de la French Touch. Artiste pionnier et visionaire, Jean-Jacques Perrey puisa dans les nouvelles technologies (les premiers synthétiseurs Moog l'Ondioline) la matière première à ses créations. Le potentiel technologique de l'instrument y fait jeu égal dans le rendu final avec le talent du musicien, ce qui est profondément novateur pour l'époque. Si l'on peut rejouer les morceaux des Beatles à l'harmonica ou au balafon sans perdre leur richesse harmonique, la musique de Jean-Jacques Perrey s'installe dans une autre dimension, le fond étant indissociable de la forme. Une barrière était franchie et nous y sommes encore: une partie importante de la musique pop est aujourd'hui complétement conditionnée par les possibilités technologiques des plug-ins utilisés pour sa production.

E.V.A. fût aussi, subjectivement, le seul morceau vraiment génial de Jean-Jacques Perrey. Le reste de son oeuvre, du moins pour ce que l'on peut en juger dans ce florilège, oscille entre le très bon, le sympathique, le kitsch et le plus anecdotique, reflétant les modes et les goûts de son époque (épopée spatiale, futurisme, psychédèlisme, confort petit bourgeois des 30 Glorieuses), même si son influence musicale et esthétique (les Beastie Boys plagièrent ainsi la pochette de The In Sound From Way Out ! pour leur propre album instrumental homonyme) sur les scène electro et hip hop reste indélébile et évidente.

Jean-Jacques Perrey - E.V.A.

Jean-Jacques Perrey, 30 years before the French Touch, stormed the world by surprise with E.V.A., which has been massively sampled since then. After a quick search on The Breaks (http://www.the-breaks.com/search.php?term=perrey&type=0), the following songs include at least a sample of E.V.A.:

- A Tribe Called Quest - Same Ol' Thing
- Arianna Puello ft Mucho Mu - A Por Todas
- Artifacts - Lower the Boom
- DJ Spooky - Galactic Funk
- Dr. Octagon - 3000
- Erick Sermon - Freak Out
- GangStarr - Just to Get a Rep
- House of Pain - Fed Up
- Ice T - The Lane
- Kwest tha Madd Ladd - Skin Care
- Lord Finesse - Game Plan
- Monstarrs - Hit 'em High
- OGC - No Fear
- OPM - El Capitan
- Young Black Teenagers - Blowin' Up the Spot
- Youngstas - It'z Natural

Patrick Pulsinger - Dogmatic Sequences - The Series 1994-2006 (Disko B - 2007)

Patrick Pulsinger n'est pas en apparence un rigolo. Comme d'autres grands comique de l'electro devant l'éternel (Richie Hawtin, Ivan Smagghe, etc.), Pulsinger semble appartenir à la catégorie de ceux qui ne rigolent que lorsqu'ils se brûlent. Et sa série de 3 EP, Dogmatic Sequences, ici réunie, n'a pas amélioré son cas ou permis de plaider en sa faveur. Sa techno y est âpre, sèche, sans fioritures, les morceaux puisant leur sonorité et leur inspiration du côté de la source originelle, Detroit. Les BPM y cognent vite et forts. Le genre de disque qui vous rendra instantanément populaires auprès de vos voisins si vous décidez de l'écouter très fort un matin. Et pourtant, en ces temps de catastrophe économique mondiale, jamais cette techno n'a semblé aussi pertinente, rentrant parfaitement en symbiose avec un monde qui se casse la gueule avec fracas. La bande originale idéale pour BFM TV en quelque sorte. Les ruines industrielles de Detroit, qui ont inspiré les godfathers du genre, annoncaient celles du système capitaliste à sauce libérale que l'on vient de s'infuser durant 30 ans. Au milieu de cette brutalité (ne pas oublier que Detroit n'est pas seulement à l'origine de la techno mais a aussi été longtemps en pointe pour le nombre de meurtres par habitant), Patrick Pulsinger ménage cependant des moments de grâce jazzy, proches des travaux de Carl Craig et de son projet Innerzone Orchestra. Pure merveille de jazz funk électronique, City Lights (Pt. 2), produit avec l'aide de Richard Dorfmeister, sera ainsi la fleur qui pousse au milieu du terrain vague et l'annonciateur d'un futur plus rieur.

Patrick Pulsinger - City Lights (Pt. 2)


Dogmatic Sequences could be the perfect soundtrack for the actual economic crisis. In fact , Detroit techno announced it. But, despite its hard and dark sound, Dogmatic Sequences hold some space for feeric sequences like the excellent jazz funk track, City Light (Pt. 2), realised with fellow Austrian Richard Dorfmeister.

vendredi 6 février 2009

Armand Van Helden - New York: A Mix Odyssey 2 (Southern Fried Records - 2008)

Armand Van Helden fait son entrée dans la cour des grands en 1997 avec son remix du Professional Widow de Tori Amos, tube house de l'été à la ligne de basse démoniaque. Suivent deux efficaces morceaux breakbeat basés sur des samples vocaux de Redman (Ultrafunkula et The Funk Phenomena) et deux excellents morceaux house garage, You Don't Know Me et Flowerz, sortis tous les deux en 1999. Et puis plus rien, le gros coup de mou, le pédalage dans la semoule caractérisé. Tandis que ses grotesques tenues hip hop le faisait surtout ressembler à un clone d'Ali G, Armand n'a plus été capable que d'enchaîner merdes, foirades grotesques et mix ringards. Bref, on s'apprétait à définitivement l'oublier et à la faire rentrer dans la rubrique "Mais que sont-ils devenus les héros house de notre adolescence ?", lorsque soudain, sans crier gare et sans que l'on ne lui ait demandé non plus, notre Américano-indo-néerlando-franco-libanais préféré revient avec un formidable mix hip house, alternant classiques old school (Juice (Know The Ledge) d'Eric B & Rakim, tueries hip house oubliées (Let It Roll de Doug Lazy) ou non (I'll House You des Jungle Brothers), déflagrations acid house (This Is Acid de Maurice) ou electro (Don't Stop The Rock de Freestyle) le tout couplé à de nouvelles et très réussies compositions personnelles. En opérant un retour remarquable à ses fondamentaux et aux racines musicales à fortes connotations ghetto qui ont baigné sa jeunesse à la fin des 80's (le hip house, donc, mais aussi l'electro, la house chicagoanne du label Trax, etc.), Armand Van Helden retrouve l'inspiration qui l'avait quitté et se permet même de se poser en sérieux concurrent de Diplo au rayon ghetto house qui tue.



Armand Van Helden could legitimately be considered like an has-been. But with this fantastic hip house mix, he is an unexpected serious competitor for Diplo.


dimanche 1 février 2009

Ragga Bashment - #01 (Passage Productions - 2005)

Passage Productions semble s'être cassé la gueule après avoir sorti une poignée de bons disques. J'en retiens deux: l'album des Kingston Ladies, Ladies Turn, et cette compilation, Ragga Bashment #01. A vrai dire, nos amis de Passage Productions avaient beau avoir une oreille pour dégoter de la bonne musique jamaïcaine, il leur manquait le sens marketing indispensable à une pérennité commerciale dans le marché encombré des rééditions. Comparé au travail soigneux et classieux des Anglais de Soul Jazz, Blood & Fire, Auralux ou Pressure Sounds sur leurs compilations, Ragga Bashment fait un peu pitié. Non pas au niveau du tracklisting, qui frise l'excellence, mais au niveau du packaging, clairement à chier. Résultat des courses: une pochette minimaliste, visiblement torchée en 3 minutes avec Microsoft Word, et une absence totale de livret font que l'on trouve désormais Ragga Bashment dans les bacs à soldes pour 1 euro. Car l'acheteur de réédition reggae est souvent un amateur méticuleux, qui aime connaître l'année d'enregistrement des morceaux, les noms des musiciens de session, le nom du studio, les producteurs aux manettes et autres infos quand même éminement structurantes et fondamentales quand on s'intéresse un tant soit peu aux reggae.

Des morceaux compilés ici on ne saura donc quasiment rien, ce qui permet en fait de les apprécier en tant que tel. Ragga Bashment explore la facette la plus roots du reggae dancehall, assez loin des sonorités 100% digitales et minimalistes qui caractérise souvent le genre. Les grosses pointures sont présentes (Capleton, Anthony B, Elephant Man, Sizzla, Buju Banton, Bounty Killer) en compagnie de vétérans comme Michael Rose, Dennis Brown ou encore Marcia Griffith, tous en très grande forme. On est donc en excellente compagnie et même les stars maison, les Kingston Ladies, montrent leur meilleur avec une très belle reprise du classique Woman Of The Ghetto.

Capleton - Hidden Secrets

If this compilation had been edited by Soul Jazz, Auralux, Pressure Sounds or Blood & Fire, it still would be a must have. Unfortunately, it was edited by a small French label with good ears but poor packaging tastes.