jeudi 16 juillet 2009

Mr Oizo - Lambs Anger (Ed Banger Records/Because - 2008)

Mr Oizo avait tout pour devenir un poids lourd de l'électro hexagonal, avec un début de carrière aussi fracassant que celui des Daft, de Bob Sinclar ou de Cassius, aux beaux jours de la French Touch: une mascotte, Flat Eric, un tube, Flat Beat, et une grande marque derrière, Levis. Et puis notre homme n'a pas transformé l'essai commercial, préférant sortir deux albums sur FCom (Analog Worm Attack et Moustache (Half A Scissor))"difficiles d'accès" mais salués par la critique et par conséquent hermétique et inécoutables par le gros du public électro. Quentin Dupieux s'est aussi essayé à la réalisation avec pas mal de clips à son actif (pour lui mais aussi pour Alex Gopher et Sébastien Tellier) et un long métrage inregardable avec Eric & Ramzy (Steak). Bref, notre homme a touché un peu à tout mais a uniquement réussi à se faire pousser la barbe, à se construire une image de misanthrope désagréable de l'électro, néo punk dans l'attitude et spécialiste de la vacherie, gagnant même le doux et délicat surnom de "nazi" . Dans son interview parue en novembre 2008 dans Trax, on peut ainsi lire ces mémorables sentences entre deux vacheries assez bien senties et iconoclastes sur le monde de la nuit: "Le problème, c'est que les gens qui font de la zique sont devenus le public. Je me retrouve souvent, quand je joue, confronté à ces gens-là", qui accessoirement ont aussi acheter ses disques ou une place pour venir le voir jouer. Notre gugusse continue même "C'est parti d'une pulsion très méchante envers cette époque que je conchie. Je vois beaucoup de vide dans le regard des gens et peu d'esprit". Après tout ça on pouvait attendre l'album qui déchire tout, qui avancer le schmilblick électro vers des horizons inconnus. Et au lieu de ça on se retrouve avec le skeud que l'on attendait de Mr Oizo en...1999 après Flat Beat. On a donc droit à de la house filtrée samplée comme au bon vieux temps (Cut Dick, Jo, Gay Dentists), à des bangers blog house (Erreur Jean, Positif), à du R&B électroisant neo Neptunes mais en moins bien (Steroids avec Uffie), à quelques titres biens cons (Lars Von Sen) et même à une mongolerie à priori inspirées du James Brown Is Dead des bataves L.A. Style, le bien nommé Bruce Willis Is Dead. Bref, peu voire pas d'éclairs de génie sur Lambs Anger, pas vraiment non plus de foutage de gueule arty. Il s'agit juste d'un album bien troussé et bien ouvragé d'artisan de l'électro. C'est un peu court jeune homme comme dirait l'autre...

Mr Oizo - Positif


Mr Oizo has the ego of a rapper but not the talent of a techno genius but rather an honest crafstman, the techno Joe the Plumber. Lambs Angers is his most commercial try since the heydays of Flat Beat and is in fact the album that everybody was waiting for in...1999. One of the track, Bruce Willis Is Dead, reminds me of the infamous James Brown Is Dead produced in 1991 by L.A. Style.

lundi 6 juillet 2009

Kerri Chandler - Computer Games (Deeply Rooted House - 2008)

Force est de reconnaître qu'aujourd'hui les musiques électroniques sont partout. Dans les pubs pour le gel, dans le rock (pas un nouveau groupe qui ne revendique plus ou moins de prêt ou de loin l'influence de la dance music), dans le hip hop, sur les blogs musicaux les plus populaires, dans les iPod des djeunes, sur les pistes de danse, dans le moindre magasin de fringue, dans les classements des artistes les mieux payés (ce gros balourd batave de Tiesto doit ainsi prendre plus de 10 000 euros par heure de mix). Et pourtant jamais je n'ai acheté aussi peu de disques se revendiquant de l'électro au sens large. Je n'en ai pas téléchargé des masses non plus d'ailleurs. Je commençais à mettre ce phénomène sur ma vieillitude avancée lorsque j'ai jeté un rapide coup d'oeil aux disques consacrés ces trois derniers mois par Tsugi, l'un des bibles du genre en France: Ebony Bones, Phoenix, The Horrors, Laurent Garnier, The Juan Maclean, Thunderheist, Buraka Som Sistema et Gui Boratto, sans doute le seul électronicien un peu puriste de cette série. Je ne suis donc pas seul. Il semblerait bien que la fin de règne de la minimale (actuellement en soins palliatifs sous le vocable de deep house) et l'avènement des turbines de la nouvelle génération French Touch ont détourné pas mal d'amateurs vers des chemins moins convenus, plus aventureux, là où désormais la musique avance. Il est donc bon de parfois se raccrocher à des classiques instantanés comme Computer Games, le genre d'album tellement intègre et tellement intemporel qu'il pourrait avoir été composé il y a 15 ans ou dans 15 ans. Tout y est si évident, si soigné, si en place, que l'on se rappelle aussitôt pourquoi l'on a tant aimé la house au départ. Vétéran vénérable du genre (ses premiers pas remontent au début des années 90), musicien, producteur et informaticien accompli, dieu vivant du 4/4 et du thème qui rend fou joué au synthé (remember Bar A Thym), Kerri Chandler rend le plus vibrant des hommages aux jeux vidéo de son adolescence et au chant magique des machines. Indispensable pour tout vieux con qui se respecte... Et les plus jeunes sauront désormais que la Chandler n'est pas seulement cette journée de février durant laquelle on mange des crêpes.

Kerri Chandler - Last Man Up

You're getting old. You're clubbing times are behind you, now that you have a family and grey hairs. And you just don't understand how people can decently like or even buy fidget house records. Well, Kerri Chandler is just here for you. Just to give a magic lesson of how things must be done properly and why you liked dance music so much at first. Thank you, Mr Chandler.

dimanche 5 juillet 2009

A Perfect Day (Storace Records - 2009)

Il y a très peu d'informations disponibles sur cette compilation visiblement considérée avec dédain par les vendeurs du rayon jazz de chez Gibert et reléguée au fond d'un bac de rangement en plastique. Or il est notoire qu'il peut être plus facile d'engager une discussion avec un Taliban de la province de Wardak qu'avec un puriste jazzeux, surtout lorsqu'il s'agit d'une compilation. Loin d'être infamant, A Perfect Day s'avère même sacrément intéressant en réunissant 21 raretés issues du jazz vocal. Tous les morceaux sont soigneusement annotés, plutôt bien sentis et pour certain d'entre eux, il s'agit même de la première réédition sur CD connue. Il y a bien sûr quelques noms célèbres au traklisting (Sarah Vaughan, Shirley Horn, le crooner Tony Bennet, Al Jarreau) mais le rare de chez rare, la curiosité sur laquelle se jettera tout amateur un peu sérieux est une reprise du standard Take Five, composé à l'origine par Paul Desmond, par Richard Anthony. Oui oui, vous ne vous trompez pas, il s'agit bien de notre Richard Anthony national, alors embarqué dans une éphèmére tentative de percer sur le marché anglais. On est très loin du train qui siffle: l'orchestre symphonique qui l'accompagne ne fait pas petit bras, le batteur s'éclate comme une bête avec des breaks de folie et Richard Anthony chevauche le morceau avec la classe d'un grand mais pitché à +10. Encore plus sciant que l'excellente période disco de Demis Roussos !!!

Richard Anthony - Take Five


This vocal jazz compilation is pretty rare and is a must have, if only for one track: a version of Take Five by cheesy French pop singer Richard Anthony. How do describe it properly? Well, it is the same kind of shock than discovering an acoustic cover of Nick Drake by Lady Gaga.

samedi 4 juillet 2009

Anthony Hamilton - The Point Of It All (So So Def/Arista - 2008)

S'il faut reconnaitre au moins un mérite à Jermaine Dupri, le Puff Daddy d'Atlanta en version nabot, c'est d'avoir eu le flair de récupérer Anthony Hamilton au début des années 2000 sur son label So So Def alors que la carrière de ce dernier était sérieusement dans l'impasse. Autrement, nous aurions été privé de l'un des plus talentueux chanteur de nu soul à avoir émergé cette dernière décennie. Auteur compositeur plutôt doué, Anthony Hamilton est surtout parvenu à maintenir une constance rare dans la qualité au fil de ses sorties et surtout, surtout, a soigneusement évité deux des principaux écueils qui guettent les chanteurs de nu soul: le symptôme pop FM R&Bisant ou le manque chronique d'inspiration qui débouche sur une musique ronronnante, pauvre, chiante et insipide, qualifiée d'ailleurs de "coffee table music" par les anglophones. Armé d'une écriture et une instrumentation racée, habilement servie par les (nombreux) producteurs de l'album (Mark Batson, Kelvin Wooten, Andre Harris & Vidal Davis, Salaam Remi, Jack Splash, The Avila Brothers, Heavy D) et relevée d'une pointe de programmations rythmiques hip hop, Anthony Hamilton est l'un des rares chanteurs de soul actuels à pouvoir inscrire ses pas dans ceux des géants qui l'ont précédé (sa bio officielle site sans sourciller Bill Withers, Bobby Womack, Al Green, Johnny Guitar Watson et Marvin Gaye) sans que les traces ne paraissent beaucoup trop grandes pour ses petits pieds. S'y ajoute de surcroît un sens de l'humour assez rare (du moins si l'on en croît le clip de Cool) dans un monde peuplé de lovers de pacotilles surgonflés en testostérone.



Usualy nu soul artists tend to be boring after their first album. A chronical lack of inspiration or a sudden greed usually push them towards AOR friendly songs or boring coffee table music. But Anthony Hamilton is not that kind of guy. The Point Of It All contains mid and down tempo songs but they are all seriously anchored in a serious soul tradition with just a slice of hip hop programmation. Really good.

vendredi 3 juillet 2009

Method Man Redman - Blackout ! 2 (Def Jam - 2009)

Il y a eu le crash du vol Airbus AF 447 Rio Paris. Il y a eu le crash du vol Airbus IY 626 Sanaa Moroni. Et il y a eu le crash de Method Man et de Redman sur Blackout 2. Après un démarrage classique sur une bonne production de Havoc, I'm Dope Ni**a, vient le premier trou d'air qui emporte la sonde pitot, A-Yo, morceau indigne de son producteur, Pete Rock et de nos deux fumeurs de blunts favoris. Le refrain, odieux, fait même penser à Tradégie (je parle bien de l'ignoble duo R&B franchouillard et non du pote à Capone & Noreaga). Heureusement, papy Sermon reprend les affaires en main sur Dangerus Mcees, et on se pense capable de réussir un atterissage d'urgence. C'est alors qu'arrive Errbody Scream. Au départ, j'étais assez content d'avoir des nouvelles de l'ami Keith Murray. Mais les espèces de cris de supporters du PSG qui ponctuent le morceau sont vite exaspérants et l'avion perd une première aile. Hey Zulu, produit par Rockwilder, tombe sur le même écueil, les "Hey Zulu" justement beuglés tout le long du morceau m'ayant particulièrement casser les couilles avant qu'un refrain autotuné ne me fâsse me précipiter sur le bouton "Next" et n'emporte la deuxième aile. J'espérais beaucoup du morceau avec Bun B, City Lights, curieux de voir comment Meth et Red se démerderait sur une prod Dirty South. Malheureusement, il y a encore des "hé" casse-couille et de l'autotune un peu partout et l'avion perd une deuxième aile. La situation semble désespérée, le disque part en piquée vers le guichet revente de chez Gibert lorsque, grâce à un enchaînement désespéré mais réussi Father's Day, Mrs. International, How Bout Dat, Dis Iz 4 All My Smokers et Four Minutes To Lock Down, nos deux lascars nous rappelent pourquoi ils ont été un temps de très grand rappeurs. Dommage qu'ils reviennent à l'autotune tout pourri sur I Know Sumptn et au R&B nase sur A Lil' Bit et finissent ainsi par imploser définitivement en pleine mer.



Well, guys, I am kind of ashamed to write that but this album just, well, sucks... Meth, Red, just wake up brothers, I know you can do better than this !!!!