lundi 24 août 2009

Madlib - Beat Kondukta Vol. 5-6 (Stones Throw - 2009)

On ne présente plus Madlib, le seul producteur U.S. a avoir accédé au statut de mythe vivant ces 5 dernières années, en version underground. Véritable homme orchestre (rappeur, producteur, musicien), il est à l'origine d'un nombre important de projets sous divers pseudonymes, en groupe ou en solo. Après des débuts au sein de Lootpack, on l'a ainsi vu en Quasimoto, le rappeur à la voix de Donald Duck, en quintet de jazz à lui tout seul (Yesterday's New Quintet), associé à son pote le défunt Jay Dee au sein d'un super groupe (Jaylib) et en solo, notamment pour la série d'albums instrumentaux Beat Kondukta, qui en est à son troisième volume en CD. Le concept n'a pas bougé depuis le départ: des instrumentaux très courts, souvent bruts de décoffrage et peu policés. On pense plutôt à des ébauches de beats, des chutes de disque dur, des work-in-progress qui nous connectent directement au cerveau génial de leur démiurge créateur. Avec 42 morceaux, d'une totale cohérence, il est tout de même un peu difficile de focaliser son attention de bout et en bout et aucun morceau ne sort vraiment du (très bon) lot.

Madlib - Beat Kondukta Vol. 5-6

Il reste néanmoins qu'il y a un vrai mystère Madlib. Malgré la cohorte de groupies qui guette la bave aux lèvres la moindre note qui s'échappe de son sampleur, celui-ci n'a pas encore associé son nom à un succès mainstream. Fidèle au label indie californien Stones Throw, il n'a jamais, du moins semble-t-il, cherché à transformer l'essai en espèces sonnantes et trébuchantes, faisant passer son art avant le commerce. Le hip hop étant réputé pour partager avec les traders le même sens de la mesure quand il s'agit de rénumérations, cette intégrité, qui me fait un peu penser à celle d'Underground Resistance dans un autre genre, force le respect.

Madlib multiplies projects and aliases with an equal quality that made of him an underground myth. His Beat-Kondukta serie hasn't changed its formule since volume 1: short instrumental tracks quickly produced by the master. Sometimes the tracks are just sampled loops, other times they are a bit more constructed and polished but the genius is always present. And I don't write that because I'm a Madlibaholic.


Quincy Jones - Smackwater Jack (A&M Records - 1971)

Arrangeur, compositeur et producteur stakhanoviste (on lui doit près d'une cinquantaine de B.O. et une trentaine d'albums solos), Quincy Jones s'est mis à l'abri de tout souci matériel sur le tard en touchant le jackpot avec Jacko et sa trilogie de tous les records de vente (Off The Wall, Thriller, Bad). L'ami Quincy est sans doute d'ailleurs l'un des vrais gagnants financiers de la mort de son ex-poulain. Mais Quincy ne mérite pas d'être réduit à son image de requin de studio avide. Ses longues années de galères et de très bons albums solos dans les 70's parlent pour lui. Smackwater Jack a ainsi gagné avec le temps et au fils des rééditions son statut de classique, très largement samplé d'ailleurs. Savante, cohérente et habile macédoine de thèmes de B.O. (Ironside, The Anderson Tapes, The Bill Cosby Show), d'une reprise classieuse et jazzy d'un classique ultime du patrimoine soul (What's Going On), de jazz easy listening (Cast Your Fate To The Wind, Brown Ballad) et de funk (Smackwater Jack), Smackwater Jack s'achève avec un petit mégamix génial, Guitar Blues Odyssey: From Roots To Fruits, habile voyage dans le patrimoine musical afro américain de Robert Johnson à Jimi Hendrix. Le génie transpire de toutes les rainures de ce disque matois, qui bénéficie en outre du talent d'une tripotée de poids lourds du jazz (Milt Jackson, Freddie Hubbard, Jim Hall, Joe Beck, etc., etc. etc.) et permet d'entendre Quincy s'essayer au chant. La production, la direction et la tenue de l'ensemble en ont même laissé plus d'un pantois. L'ambition qui a présidé à la réalisation de Smackwater Jack, réaliser un album de pop avec les moyens du jazz ou le contraire, a gardé, de par sa volonté de briser les chapelles et de faire se rejoindre des publics disparates, toute sa contemporanéité et reste un postulat pleinement valable pour la grande hybridation musicale de notre ère post moderne. Meilleur exemple? La reprise de What's Going On. Après un début classiquement soul, bercé par la grâce de la divine voix de Valérie Simpson, le morceau se brise pour dériver sur les traces du jazz manouche et retomber sur de solides pattes jazz funk. Dans la grande partouze musicale du XXI ème siècle, Quincy Jones apparaît plus que jamais comme le pimp suprême.

Quincy Jones - Smackwater Jack

This album is so good it can just heal the world from all its illness. Well maybe not, but it still rocks like hell and is probably the best try of Quincy Jones long career.

dimanche 23 août 2009

12"s Of Pleasure Part III - Rare & Unreleased Tracks (BBE - 2009)

Voilà le type même du projet sans queue ni tête, qui ne veut rien dire en soit, le genre de compilation qui semble n'être arrivée dans les racks que par accident, avec pour unique ambition que celle d'exploiter des fonds de catalogue inexploité. Non pas que le projet soit mauvais. Loin de là, il n'y a même absolument rien à jeter. C'est juste qu'il y a un problème de fond: BBE est un excellent label mais dont la signature sonore est inexistante, sinon celle du bon goût, ce qui n'est déjà pas mal que direz-vous. S'il y a une patte Tru Thoughts, un style Sonar Kollektiv, un son Ninja Tune, je n'ai jamais écouté un album sorti par BBE en me disant: "ça, ça doit être sur BBE". 12"s Of Pleasure réunit donc des morceaux inédits des signatures les plus connues du label, le plus souvent d'ailleurs sous forme remixés. On navigue donc entre nu soul sous influence trip hop (le très beau Brighter Star de Nick van Gelder, Make A Baby de Vikter Duplaix), neo big beat très Radio Nova (I Know A Place de Katalyst), fidget house (l'AJ Remix du Countdown d'HEAVy), house old school (Open Your Eyes de Fanatix remixé par DJ Spen vous propulse sur les pistes du Sound Factory Bar de New York en 1993), afro house (Music For Gong Gong de Lusito Quintero remixé par Abicah Soul, Party In My Body de Robert Strauss remixé par les Elektrons), hip hop (Like The Wind de DJ Vadim remixé par AfroBad), deep house (Misundestanding d'Aaron Jerome remixé par Frankie Feliciano, Brand New Feeling de Roy Ayers remixé par Sting International (ouais je sais vous avez eu peur avant de lire International). Il y a donc à boire, à manger, il y en a pour l'apéro comme pour le dessert.

Katalyst - I Know A Place

12"s Of Pleasure is a rather heteroclite compilation of rare tracks by artists of british label BBE roster. Most of the tracks are in fact remixes. It's all good, eclectic (nu soul, fidget, deep house, big beat, hip hop, every kind of music is here represented) but I just don't see the common point between those tracks except a classy feeling and the quality of each.

Fanatix feat. Dionne Mitchell & Sterling Ensemble - Open Your Eyes (DJ Spen & The Mutha Funkaz Dub)

samedi 22 août 2009

Ebony Bones - Bone Of My Bones (PIAS - 2009)

Pour tout vous dire, je n'avais plus trop envie de continuer ce blog. Avec beaucoup de travail et peu de lecteurs, l'intérêt du truc finit toujours par se tarir. On se dit à quoi bon, bientôt je vais passer plus de temps à écrire sur la musique qu'à en écouter voire à en faire. On se dit aussi, ouh là, si j'en arrive à ne plus avoir envie de faire mon blog, c'est que la dépression guette. Et puis, comme souvent, il suffit d'écouter un bon disque et c'est reparti comme en 14: il faut absolument que je parle de ce truc! Pour Ebony Bones, c'est ce que l'on appelle une hype méritée. Ebony Bones a été encouragée à des débuts par Felix Buxton des Basement Jaxx et sa musique ressemble d'ailleurs à du Basement Jaxx mais en plus punk funk, comme une synthèse réussie de toute la musique produite Outre-Manche depuis 30 ans. Je n'en dirais pas plus, vous savez déjà tout le reste...

Ebony Bones - The Muzik

Well, I don't have that much original to say about it. It is just the kind of album that make you want to continue your blog, just to talk about it, even if everybody does.


dimanche 16 août 2009

Vampyros Lesbos - Sexadelic Dance Party (Crippled Dick Hot Wax - 2006)

Attention, titre piège: ce disque ne contient pas uniquement la B.O. de Jess Franco, Vampyros Lesbos. Il compile en fait des extraits de deux albums sortis en 1969, Psychedelic Dance Party et Sexedelic, qui eux-même réunissaient 3 bandes originales de films du mythique Espagnol: Erbin Des Dracula (Vampyros Lesbos), donc, mais aussi Sie Tötete In Ekstase (She Killed In Ecstasy) et Der Teufel Kam Aus Akasawa (The Devil Came From Akasawa). Financés par un producteur germanique, ces trois films bis bénéficièrent aussi du talent de Manfred Hübler et Siegfried Schwab pour leur B.O. Bon, quand on parle de talent, il ne faut pas non plus se tromper: les deux teutons sont quand même assez loin du niveau atteint à la même époque en Italie par Ennio Morricone ou Piero Picciono pour des films pourtant du même acabit. Joyeuse partouze kitsch et instrumentale de guitares fuzz, d'orgues hammond et de sitar sans doute directement improvisée en studio, Vampyros Lesbos s'écoute joyeusement et sans déplaisir. On peut même y dénicher en plage 9 un pur petit joyau, Necronomania, un moment rare où tous les éléments semblent enfin être en place, la mélodie jouée au piano dégageant même une rare et mélancolique sensualité.

Siegfried Schwab & Manfred Hübler - Necronomania


Jess Franco in now considered like a genius. And the soundtracks compiled on this record, Erbin Des Drcaula (Vampyros Lesbos), Sie Tötete In Ekstase (She Killed In Ecstasy) and Der Teufel Kam Aus Akasawa (The Devil Came From Akasawa) are highly revered by sleazy soundtracks connoisseurs for pretty damn good reasons.