lundi 24 août 2009

Quincy Jones - Smackwater Jack (A&M Records - 1971)

Arrangeur, compositeur et producteur stakhanoviste (on lui doit près d'une cinquantaine de B.O. et une trentaine d'albums solos), Quincy Jones s'est mis à l'abri de tout souci matériel sur le tard en touchant le jackpot avec Jacko et sa trilogie de tous les records de vente (Off The Wall, Thriller, Bad). L'ami Quincy est sans doute d'ailleurs l'un des vrais gagnants financiers de la mort de son ex-poulain. Mais Quincy ne mérite pas d'être réduit à son image de requin de studio avide. Ses longues années de galères et de très bons albums solos dans les 70's parlent pour lui. Smackwater Jack a ainsi gagné avec le temps et au fils des rééditions son statut de classique, très largement samplé d'ailleurs. Savante, cohérente et habile macédoine de thèmes de B.O. (Ironside, The Anderson Tapes, The Bill Cosby Show), d'une reprise classieuse et jazzy d'un classique ultime du patrimoine soul (What's Going On), de jazz easy listening (Cast Your Fate To The Wind, Brown Ballad) et de funk (Smackwater Jack), Smackwater Jack s'achève avec un petit mégamix génial, Guitar Blues Odyssey: From Roots To Fruits, habile voyage dans le patrimoine musical afro américain de Robert Johnson à Jimi Hendrix. Le génie transpire de toutes les rainures de ce disque matois, qui bénéficie en outre du talent d'une tripotée de poids lourds du jazz (Milt Jackson, Freddie Hubbard, Jim Hall, Joe Beck, etc., etc. etc.) et permet d'entendre Quincy s'essayer au chant. La production, la direction et la tenue de l'ensemble en ont même laissé plus d'un pantois. L'ambition qui a présidé à la réalisation de Smackwater Jack, réaliser un album de pop avec les moyens du jazz ou le contraire, a gardé, de par sa volonté de briser les chapelles et de faire se rejoindre des publics disparates, toute sa contemporanéité et reste un postulat pleinement valable pour la grande hybridation musicale de notre ère post moderne. Meilleur exemple? La reprise de What's Going On. Après un début classiquement soul, bercé par la grâce de la divine voix de Valérie Simpson, le morceau se brise pour dériver sur les traces du jazz manouche et retomber sur de solides pattes jazz funk. Dans la grande partouze musicale du XXI ème siècle, Quincy Jones apparaît plus que jamais comme le pimp suprême.

Quincy Jones - Smackwater Jack

This album is so good it can just heal the world from all its illness. Well maybe not, but it still rocks like hell and is probably the best try of Quincy Jones long career.

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