mardi 30 juin 2009

Fly Girls ! - B-Boys Beware: Revenge Of The Super Female Rappers ! (Soul Jazz Records - 2009)

Consacré au 30ème anniversaire du hip hop conjugué au féminin, Fly Girls ! réunit donc un florilège des meilleures bretteuses ou des pionnières du genre. Alors c'est sûr, comme pour toute compilation, on pourra remettre en cause certains choix éditoriaux en soulignant quelques impasses étonnantes (si à la limite on peut comprendre l'absence de Foxy Brown, Trina, Da Brat ou Khia, est-il possible de consacrer une restrospective au hip hop féminin en omettant Salt 'N'Pepa, TLC, Lil' Kim et Lauryn Hill?) ou au contraire en questionnant l'opportunité de certains choix trop spécialisés pour être représentatifs (OK à la limite pour les Cookie Crew, mais était-il réellement important de retenir She Rockers, obscur trio de rappeuses londoniennes?). On pourra aussi regretter que les notes de pochette, pourtant bien documentées, se contentent trop souvent de recenser quelques éléments biographiques, omettant de restituer les morceaux choisis dans leur contexte. C'est pourtant avec le soin apporté à ce genre de détail que ces compilations peuvent encore surprendre les connaisseurs les plus avertis. Mais arrêtons de faire subir les pires outrages aux coléoptères. Cette compilation est formidable, permettra aux néophytes à l'ignorance la plus crasse de se forger une culture hip hop de base (JJ Fad, MC Lyte, Roxane Shanté, Bahamadia, Queen Latifah, Missy Elliott), trace une ligne directe entre ces gourgandines citadines et leurs aînées précurseurs des 70's (les poétesses Sarah Webster Fabio, Nikki Giovani, la soul de Camille Yarborough) et surtout permet de récupérer Funky Sensation de Tina B, l'un des breakbeats les plus mythiques de New York, que l'on doit à Kenton Mix et au roi du disco Shepp Pettibone.

The Kryptic Krew feat. Tina B - Jazzy Sensation

This compilation is absolutely outstanding, like everything Soul Jazz does anyway. Fly Girls ! tries to sum up the story of female rap. Of course, you can regret that some of your favorites rappers are not included (is it possible to pretend making a record abour female rappers while forgetting to include Lauryn Hill and Lil' Kim ?) but this compilation does anyway worth it for only one song, the seminal Funky Sensation by Trina B.

samedi 27 juin 2009

X-Ray Spex - Germfree Adolescents (EMI - 1978)

X-Ray Spex, un des groupes séminaux de la scène keupon britannique. Créé autour de deux gamines de 18 ans, Poly Styrene et Laura Logic, X-Ray Spex balança ses bombinettes à la face du monde durant deux années et explosa en plein vol en 1979 après seulement un album et 5 singles, laminé par les excès et les tournées. Pour la petite histoire, Poly Styrene finit par échouer dans une communauté Hare Krishna. Reste de cette aventure une pochette mythique, quelques concepts toujours d'actualité (sur la base de revendications féministes et de critiques acerbes de l'aliénation générée par la société de consommation), la voix rageuse de Poly Styrene et son appareil dentaire, le saxo de Laura Logic (vite remplacée d'ailleurs), qui vient perturber tous les morceaux, même les plus énervés, et une poignée de morceaux qui tiennent encore la route. C'est d'ailleurs surtout lorsque le combo lève un peu le pied (Warrior In Woolworths, Plastic Bag, la ballade synthétique Germ Free Adolescents) que l'on se dit que l'on tenait là un vrai potentiel, un peu arty d'ailleurs, maheureusement inexploité.

X-Ray Spex - Germ Free Adolescents

X-Ray Spex is a seminal punk band created around two 18 years old girls, Poly Styrene and Ana Logic. They split up after one album, Germfree Adolescents and 5 singles. Their legacy is a mythic album cover and a handfull of scathing punk songs.

vendredi 26 juin 2009

Bonzo Dog Band - The Doughnut In Granny's Greenhouse (EMI - 1968)

On passe normalement son temps à écouter du hip hop, à chasser les raretés soul et funk, à jouer un peu de reggae, de musiques brésiliennes, de salsa pour se changer les idées mais on finit un jour par tomber sur un ovni comme The Doughnut In Granny's Green Greenhouse. Comme souvent, c'est dans un bac à soldes que tout à commencer. C'est un disque que j'ai acheté sur la seule fois de sa pochette et de son année d'enregistrement. Des britanniques avec rouflaquettes et moustaches capables de poser habillés en rescapés du Moyen-Age en 1968 ne pouvaient carburer qu'à autre chose que du thé, ce qui laissait à priori augurer une découverte passionante. Bingo !!! Mon légendaire instinct ne m'avait pas trompé. Voyons ainsi ce qu'écrit Michka Assayas sur ce groupe dans son Dictionnaire du Rock: "Ancré dans la tradition du nonsense britannique, le Bonzo Dog (Doo-Dah) Band a été l'équivalent musical de Monthy Python, mélangeant des airs de music-hall traditionnel avec du jazz Nouvelle-Orléans et du rock parodique". Et à l'écoute, Bonzo Dog Band confirme son statut d'ovni rafraîchissant pour mes oreilles biberonnées à la black music. The Doughnut In Granny's Greenhouse serait d'ailleurs leur meilleur album et fournit largement son lot d'hymnes cintrées et azimutées, avec des titres qu'aurait pu inventer Ed Wood himself: Can Blue Men Sing The Whites, My Pink Half Of The Drainpipe ou Eleven Poustached Daughters. Le morceau que j'ai mis à l'écoute, Bang Bang, ne fait pas partie à proprement parler de l'album original mais appartient aux bonus de la réédition CD de 2007. Cette version très personnelle du chef-d'oeuvre de Lee Hazelwood et Nancy Sinatra saura, j'en suis sûr, convaincre les plus réticents.

Bonzo Dog Band - Bang Bang

Bonzo Dog Band belongs to the british nonsense school of the 60's and the 70's. Related to The Beatles (Paul McCartney even produced their first single, I'm The Urban Spaceman) and The Monthy Python, they combine musichall with jazz and psychedelic rock.

mercredi 24 juin 2009

Mongo Santamaria - Afro-Indio (Vaya Records - 1975)

La réédition depuis 2/3 ans de la quasi intégralité du catalogue Fania (Fania, Vaya, Tico, Alegre) est une véritable malédiction pour tout acheteur compulsif de disque un tant soit peu sérieux. Est-il en effet envisageable, en effet, une fois que l'on en possède un, de faire autre chose que de chercher à se procurer frénétiquement à la moindre occasion l'intégralité du catalogue du label latino créé par Johnny Pacheco et Jerry Masucci? Certes, à l'heure d'internet, cette soif inextanguible peut être vite rassasiée grâce aux bons soins d'un connection ADSL et du p2P. A moins d'avoir gardé un peu d'économies du temps où l'on officiait en qualité de trader et d'avoir de quoi acheter d'un coup toute l'intégrale. Mais tout celà est trop facile. Pour me compliquer la tâche, je ne traque les disques Fania que d'occasion et vendus à un prix raisonnables en CD (- de 10 euros). Là c'est plus ardu, plus excitant aussi. Je suis donc amené à fouiller compulsivement et régulièrement les bacs des quelques disquaires survivants de la capitale. Afro-Indio est ma dernière trouvaille dans cette quête. Trouvaille d'autant plus originale qu'il s'agit d'une tentative jazz et jazz-funk, soit une quasi anomalie sur un label comme Fania, quasi exclusivement consacré au boogaloo et à la salsa. Mongo Santamaria fait partie de ces percussionnistes mythiques de la musique latino, maniant les congas avec la même dextérité que Willie Bobo les bongos et Tito Puente les timbales. Afro-Indio, qui se veut la traduction musicale de l'expérience du peuple noir, lui donne l'occasion de toucher à tous les genres, passant du R&B (Creepin, belle reprise de Stevie Wonder) au funk (Funk Up, Funk Down), de l'afro-beat (What You Don't Know) aux ballades un peu sirupeuses avec un soupçon de bossa nova (Song For You). On regrettera juste de temps à autres des solos de guitare ou de cuivres un peu bavards et envahissants, mais c'est quand même souvent le cas avec le jazz funk. Et il suffit d'une bonne reprise de Lady Marmelade, morceau à l'origine chanté par Patti Labelle, pour permettre à Mongo d'enflammer le dancefloor le plus anémié.

Mongo Santamaria - Lady Marmelade


Afro-Indio is a curious experience on Fania Records. Far from the classic boogaloo or salsa associated with the label, Mongo Santamaria ventures into jazz and jazz funk, trying to render the total black experience in sound. The scorcher of the record is a fantastic cover of Lady Marmelade.

lundi 22 juin 2009

Asher Roth - Asleep In The Bread Aisle (Universal Motown - 2009)

10 bonnes raisons de ne pas aimer Asher Roth:

1) Asher Roth est blanc et thuné. C'est l'équivalent hip hop de Ben Sherman dans Southland.
2) Asher Roth n'appartient pas à la catégorie des rappeurs blancs siphonnés et white trashes (Eminem, Bubba Sparxxx) ou des punk rockeurs quasiment inventeurs du genre (les Beastie Boys). Asher Roth appartient avant tout à la catégorie des branleurs qui veulent faire leur malin. Certains se font payer un cabriolet par papa, d'autres se regardent rimer dans la glace.
3) Pendant les 10 prochaines années, il sera impossible d'assister à une fête sur un campus américain sans entendre I Love College hurlé par des hordes de gros boeufs yankees torchés à la Bud Lite.
4) Asleep In The Bread Aisle a débarqué dans les charts US avec la délicatesse des panzers de Guderian sur Sedan. C'est toujours dommage quand a l'impression qu'un disque a été conçu par un chef de produit de chez Universal ayant fait ses classes chez Unilever.
5) Asleep In The Bread Aisle dégage une sympathique énergie rock. Ce n'est pas une raison pour entamer une tournée conjointe avec Blink 182. Là, celà devient carrèment odieux.
6) Asher Roth chante un morceau (As I Em) avec un mec au nom de fromage, Chester French. Le seul mec avec un nom de fromage qui serait crédible en rappeur c'est Cheese, mais ce n'est qu'un personnage de la série The Wire.
7) Est-on vraiment sûr que les acheteurs de Asher Roth auraient acheté Asleep In The Bread Aisle si Asher avait été black? Bon, mais si ça avait été le cas, l'aurait-on alors accusé de copier Kanye West?
8) Et si Asher Roth avait justement copié Kanye West mais en rendant le truc un plus aseptisé, un peu plus blanc justement?
9) Est-ce qu'on a vraiment envie d'entendre encore un morceau sur les joies de la conduite sous l'emprise de stupéfiants (Blunt Cruisin')?
10) Malgré un featuring de Cee-Lo, Busta Rhymes et Estelle et une signature chez Universal, aucun morceau de cet album n'a été produit par Kanye West, Will I Am, Just Blaze, The Neptunes, Bangladesh, JR Rotem, Timbaland ou Scott Storch.

Asher Roth - I Love College

If you're a white boy born in a Wisteria Lane motherfucking somewhere in the USA, you probably already own this album. You won't learn anything here so go back to Spankwire please.

dimanche 21 juin 2009

Solange - presents Sol-Angel And The Hadley St. Dreams (Geffen - 2008)

Dans la famille Knowles, il y a l'aînée, Beyoncé, un super robot programmée dès son plus jeune âge à devenir la prochaine artiste globale multiplatinée une fois que Madonna se sera une bonne fois pour toute ringardisée. Et puis il il y a la cadette, Solange, un peu la poète de la famille. Selon sa biographie officielle, elle a débuté dans le métier en remplaçant une danseuse lors d'un concert des Destiny's Child. Elle a ensuite timidement sorti un premier album bien nase et bien putassier (Solo Star, une vraie merde vraiment), composé deux trois chansons pour les copines de sa soeur, a taté un peu du cinéma, s'est mariée, a fait un enfant, est partie s'installer à la campagne, a divorcé et tout ça en moins de vingt-trois années. Et comme toute bonne Knowles, avec le soutien et les encouragements du démiurge Papa Knowles, Solange a décidé de revenir au premier plan avec un nouvel album, inspiré, selon ses dires, par les Supremes, Dusty Sprinfield et les Minnie Riperton. Pour lui fournir les écrins sonores dont elle rêvait, elle a donc fait appel à quelques petites jeunes qui débutent dans le métier (Soulshock, The Neptunes, Mark Ronson, Jack Splash, Thievery Corporation). Mais bizzarement, cette fois, la sauce prend, sans tomber dans l'exercice de style rétro soul un peu stérile. Les refrains et les mélodies sont enlevés et bien troussés, les instruments sont organiques mais quelques petites touches digitales, des beats neo électro assez appuyés viennent rappeler que nous sommes bien au vint-et-unième siècle. Solange s'aventure même dans une foireuse tentative neo trance à la Cher (Cosmic Journey) qui tombe un peu comme un cheveux dans la soul.



Solange is Beyoncé little sister. Sol-Angel and The Hadley St. Dreams is her second album and is a nice retro soul try, with a little actual electronic touch. Various firts class producers provided the beats (Soulshock, The Neptunes, Mark Ronson, Jack Splash, Thievery Corporation) but the singer trong personnality make the all consistent and elegant. You should anyway avoid the track Cosmic Journey, a neo-trance piece of shit.

lundi 15 juin 2009

Roots Manuva - Slime & Reason (Big Dada - 2008)

Roots Manuva avait tout pour être vénéré comme un demi-dieu du hip hop: un flow impressionnant, grave, charismatique, original et reconnaissable à la première syllabe. Mine de rien, c'est de plus en plus rare. Pour les textes, je déclare forfait: je ne maîtrise pas suffisamment l'anglais et l'argot des faubourgs britanniques pour en saisir la substantifique moelle. Néanmoins, notre homme était aussi son propre producteur. Avec le renfort des blancs-becs de Metronomy et de Toddla T, Roots Manuva se plaçait à la confluence des styles qui agitent encore les nuits londoniennes. Parfois clairement dancehall (Again & Again, Do Nah Bodda Mi, Buff Nuff), volontier electro-pop (le fantastique Let The Spirit), classiquement hip hop (2 Much 2 Soon), Roots Manuva est un peu un traducteur grand public du grime parfois carrèment radical dans lequel s'est englué le hip hop britannique. Malheureusement, deux malheurs se sont abattus sur la tête de Rodney Smith. Pour la première fois depuis l'invention de la drum&bass au début des 90's, un style majeur et pertinent est apparu Outre-Manche, faisant soufflé un vent de rédemption sur une scène electro britannique malmenée par une décennie d'odieux sévices progressive et d'autisme grime: le dubstep. Genre essentiellement instrumental, le dubstep a sacré le règne d'une nouvelle génération de talentueux producteurs, passant par la même occasion à la trappe les MCs. Et comme une malheur ne vient jamais seul, les critiques, importants dans l'émergence de Roots Manuva, ont commencé à regarder avec les yeux de Chimène une bande de craquantes jeunettes (MIA, Thunderheist, Thecocknbullkid, etc.), prêtes à en remontrer au vieux lion avec leurs tenues fluos et leurs hymnes electro pop imparables. Roots Manuva s'est ainsi vite retrouvé dans la peau d'une espèce en voie de disparition, un dinosaure encore vert mais isolé. Juger Slime & Reason dépassé et largué, comme d'aucun ont été tenté de le faire, est cependant allé beaucoup trop vite en besogne. Injustement qualifié de mineur au moment de sortie, largement supérieur à une bonne partie de la production britannique actuelle, ce disque se doit d'être réhabilité à sa juste valeur. Et quand Ebony Bones en sera à son sixième album on pourra comparer les chemins parcourus en connaissance de cause.

Roots Manuva - Let The Spirit

Not very well received when it was first released, Slime & Reason deserves to be rehabilitated. It blends perfectly Roots Manuva original flow with the best electro underground sounds that shake London nights.

dimanche 14 juin 2009

Quincy Jones - You've Got It Bad Girl (A&M Records - 1973)

Sil vous fallait une seule raison de posséder cet album, alors ce serait pour Summer In The City. Le genre de morceau qui a été sur-samplé (Black Moon Reality, Dobie Basement Rock , El Da Sensei Where Ya At ?, Fu-Schnickens Check it Out, Joe feat. Mystikal Stutter, LL Cool J Diggy Down, Nightmares on Wax Nights Interlude, Peanut Butter Wolf Run the Line, Pharcyde Passin' Me By, The Roots Clones) mais dont l'écoute de l'original laisse toujours sur le cul. Toute la construction du morceau est formidable. Le thème à l'orgue qui attaque dès le début du morceau en rebondissant contre la basse, la rupture de ton jazzy introduite par le piano au bout de 30 secondes pour finalement revenir au thème principal au bout d'une minute. Là, petit break qui est relancé d'un coup par des cordes. Tous les instruments se mêlent alors dans une orgie sonore qui trouve son apothéose à la deuxième minute avec la voix de Valerie Simpson. Après ce coup de maître, le reste de l'album paraît un petit peu terne. Il contient pourtant son lot de pépites soul midtempo (Tribute to A.F.-RO (morceau pas mal samplé lui aussi), You've Got It Bad Girl), funky (Sanford & Son Theme - NBC-TV (The Streetbeater), Chump Change) ou jazzy (Manteca, reprise réussie d'un morceau de Dizzie Gillepsie). Ma seule réserve en fait, avec tout le respect dû à cet génie qu'était Quincy, vient de l'utilisation d'un harmonica pour souligner certains thèmes mélodiques, amenant les morceau concernés droit dans le mur du kitsch foireux et de la musak. Eyes Of Love est ainsi à peine écoutable, tandis que le Love Theme From "The Getaway" nous rappelle que seul Ennio Morricone est capable d'écrire une musique de film en se basant sur quelques notes d'harmonica sans avoir l'air d'un clown. Je met donc la reprise de Superstition dans le même panier.

Quincy Jones - Summer In The City

You've Got It Bad Girl is a must-have for one absolute masterpiece, largely sampled, Summer In The City. It's the kind of track that can change forever the meaning of your life.

samedi 13 juin 2009

That's All Folk !!!

En fait, au-delà des albums chroniqués régulièrement dans ce blog, j'ai aussi écouté plein d'autres trucs récemment et j'ai eu brutalement envie ce matin d'y consacrer quelques lignes.

D'abord, parce-que certains disques vous arrivent en pleine gueule comme une claque magistrale. Et quand ça vous arrive, vous êtes en général vachement content. C'est ce qui s'est passé quand j'ai écouté pour la première fois de ma vie Judee Still. Née en 1944, Judee Still était sacrément moche et cintrée, marquée par un attrait certain pour le côté obscur de la force. Son premier mari se noie défoncé au LSD dans des rapides. Sitôt veuve, Judee Still embrasse une courte carrière de braqueuse qui l'emmène quelques mois au ballon. Pour se remettre, Judee ne trouve rien de mieux que de caser avec un bassiste, dealer d'acid à ses heures perdues. Elle finit bien vite par tomber dans l'héroïne, se met à dealer et à faire des passes pour payer ses doses. Elle finit à nouveau en tôle. A sa sortie, vient le temps de la rédemption et elle décide de se consacrer à la musique. D'abord auteur/compositeur, elle sort son premier album, Judee Still, en 1971, album de folk lumineux, magnifiquement orchestré, d'une douceur bluffante quand on connaît la biographie de la chanteuse. Heart Food suit en 1973. Bien entendu, pour compléter la mythologie rock, Judee finit par crever d'overdose en 1979.

Judee Still - Jesus Was A Cross Maker

Les temps ont bien changé. Le folk se vend, est à la mode, envahit les pubs. Les chanteuses de folk sont même devenues des bombasses métisses dont la musique semble avoir été scientiquement conçue, calibrée et produite pour passer au fond sonore au Costes, un espèce de folk mutant génétiquement modifié avec des chromosomes FM pour ne présenter aucune faille ou scorie . Je ne remettrais pas en cause la voix de Grace, très belle, mais le manque absolu de substance, de fêlure et de profondeur de son album, Hall Of Mirrors.

Grace - Imagine One Day

Heureusement, quelques fois, les bombasses sont non seulement bonnes mais aussi bonnes chanteuse. Prenez Zooey Deschanel par exemple. En s'acquoquinant avec M. Ward, elle a réussi un trés beau premier album sous fortes influences 60's, sous le délicat patronyme de She & Him.

She & Him - This Is Not A Test

En fait, ce n'est étonnant, M. Ward étant sans doute l'un des plus époustouflant auteur compositeur de sa génération, comme en témoigne son nouvel album, Hold Time.



Mais pour sortir du lot, il n'est pas forcément nécessaire de faire appel à un génie. On peut aussi se faire remixer par Diplo et gagner ainsi une crédibilité électro discrimante par rapport à ses congénères.

Peter Bjorn & John - Young Folk (Diplo Youngest Folks Remix)

Et pour se rassurer, pour se dire que la flamme indie n'a belle et bien pas été récupérer par Nespresso, rien ne vaut un bon vieux Wilco. Ca s'appelle Either Way et c'est tiré du magnifique Sly Blue Sky.

Wilco - Either Way

That's all folks ! Et promis, demain, en revient aux breaks.

mardi 9 juin 2009

Herbie Hancock - Future Shock (Columbia/Legacy - 1983)

Ce soir, c'est la finale de La Nouvelle Star sur M6: un gros thon odieux vs un charclo. Face à l'apocalypse annoncé pour le bon goût et le talent, autant se réfugier dans un bon vieux classique. J'ai une tendresse particulière pour Future Shock et son morceau phare, le séminal Rockit. Sans doute que parce-que, comme une bonne partie de ma génération, ce morceau a servi de bande-sonore à l'introduction de la break dance en France. A l'époque, on confondait tout ça avec le smurf et l'hexagone s'entrainait devant son miroir à faire la guirlande électrique ou le mur de verre. Il y avait même des concours de break dance dans les bals de village. J'ai un souvenir particulièrement précis de péquenots ayant sorti les gants blancs en tentant des freezes pour une battle lors du bal du 14 juillet sur la place d'un village de la Drôme, tandis que l'orchestre de baloche massacrait...Rockit justement. Le mec derrière les claviers se la jouait même grave. Il faut dire que les moustachus à nuque longue qui s'éclataient sur la scène ce soir là se mesuraient à Herbie Hancock himself derrière tout un tas de synthès, Bill Laswell à la basse et Grand Mixer D.S.T. aux platines, le scratch étant un élément fondamental du morceau. Et à l'époque, personne ne scratchait en France... Par contre, il m'a fallut beaucoup plus de temps pour découvrir Future Shock, de loin l'un des albums les plus accessibles du Herbie Hancock de l'époque. Au-delà de Rockit, Herbie Hancock y fait une démonstration en règle de funk (Future Shock, Rough), de breakbeat spacey (Earth Beat) et d'électro jazz limite audible (Autodrive). Sly Dunbar vient même donner un petit coup de mains à la batterie. Fondamental et essentiel vous dis-je.

Herbie Hancock - Future Shock

Rockit introduced France to break dance and hip hop. This is kind of weird because Future Shock is not properly a hip hop album but a jazz album with a hip hop and urban feeling in it. Anyway, all the kids at the time were training hard in front of their miror to succeed freezes.


dimanche 7 juin 2009

Akoya Afrobeat - P.D.P. (Afrobomb Music - 2008)

Une heure de musique mais seulement 6 morceaux de 12 minutes de moyenne: pas de doute nous sommes bien à l'écoute d'un album d'Afrobeat pur et dur. Respectueux de la plus stricte orthodoxie, en parfait accord avec des canons esthétiques du genre fixés par le dieu Felà, il ne manque à Akoya Afrobeat aucun bouton de guêtre: textes politiques, cuivres et choeurs enfiévrés, guitare funky, rythmiques tribales. P.D.P. aurait pu être enregistré à Lagos à la grande époque. Seulement, Akoya Afrobeat, loin d'être un combo uniquement nigérien, donne plutôt un peu dans l'Afrobeat Benetton. Les musiciens viennent des quatres coins du globe (Panama, Benin, Ghana, Afrique du Sud, Japon, et USA), plus de la moitié ont la peau claire, le groupe est basé à New-York et la véritable caution Afrobeat est surtout apportée par le chanteur, Kaleta, dont les galons furent gagnés sur scène à la dure aux côtés de, excusez du peu, Fela ou King Sunny Ade. Bon d'accord, écrit comme ça, on peut craindre l'effet Canada-Dry, la pâle copie un peu vaine, l'hommage post-colonialiste de petits blancs vivant dans leur confort fantasmant sur la musique enragée de miséreux. En fait pas du tout. P.D.P., pour President Dey Pass, transpire la danse, le stupre, et la fraternités des révoltés et opprimés du monde entier par tous ses pores. Il m'est d'ailleurs impossible de choisir un titre en particulier plus qu'un autre alors vous trouverez ci-joint tout l'album. Que celà ne vous empêche pas de l'acheter.

Akoya Afrobeat - P.D.P.


Akoya Afrobeat is in the Afrobeat business. Pure, genuine, real Afrobeat, like Fela was doing it in the Kalakuta Republic.

samedi 6 juin 2009

Patrice - Free-Patri-Ation (SUPOW Music/Universal - 2008)

Patrice semble être la principale influence de l'infortuné Mahdi, dont l'égo insupportable (putain moi je suis un artiste, un vrai) lui valu d'être sorti comme une merde en 9ème position de la Nouvelle Star. Mahdi a même carrément tout pompé sur Patrice: sa coupe, ses fringues, ses petits effets de voix, son attitude. Patrice doit par contre complètement ignorer qui est Mahdi. Sa grosse influence à lui, c'est plutôt Bob Marley, les Fugees et la scène nu soul américaine. En tout cas, on ne peut déceler aucune racine germanique dans sa musique, définitivement apatride et transfrontalière. Patrice est Allemand mais il aurait pu être Britannique, Jamaïcain ou Américain, on n'aurait vu aucune différence. Patrice c'est un peu le concept de Mc Do appliqué à la musique cool: où que l'on soit dans le monde, d'où que l'on soit dans le monde, elle a la même saveur, la même couleur. Apprécier Patrice ne dépend en aucun cas du lieu ni même des circonstances, contrairement à pas mal de genres musicaux, dont la qualité intrinséque est souvent réhaussée voire dévoilée par des facteurs exogènes. Ecouter du baile funk ou du kuduro à La Motte Beuvron n'aura ainsi jamais la même saveur quà Rio ou dans un club surchauffé d'une grande métropole avec Diplo aux platines. Ce côté un peu aseptisé est ce qui peut être le plus être reproché à la musique de Patrice. Les albums et les années passent mais sa recette reste la même. Là où ses principaux concurrents, Keziah Jones ou Ben Harper, se plantent une fois sur deux (concernant Ben Harper c'est même à chaque fois, tant se mec me casse sévèrement les couilles depuis son deuxième album), Patrice réussit lui parfaitement son hold up disque après disque. Vous aimerez donc Free-Patri-Ation, tout comme votre collègue de bureau membre de l'UMP ou votre petite cousine dans son pavillon à Voisins le Bretonneux. Il n'y a pas de honte à l'oeucunémisme, mais là, pour la première fois, on dénote malgré tout des petites tendances FM de ci de là qui laisseraient à penser que notre chanteur peut prendre une mauvaise pente. Free-Patri-Ation est très bien foutu dans le genre de reggae soft et commercial mais à force de pousser le bouchon, il pourra finir par correspondre aux critères des programmateurs des playlists d'Europe 2 et de RFM. En tout cas, vu que le disque est distribué par Universal et comme je suis aujourd'hui d'humeur rebelle, je vous l'ai linké en entier.

Patrice - Free-Patri-Ation

Everybody like Patrice. You, your cusin, your boss and that is now a problem: his soft commercial reggae is still good, but Patrice can be striked in a near future by a Ben Harper syndrom: a singer that once was good but now risks to be playlisted by AOR radio.

mercredi 3 juin 2009

Brother Ali - The Truth Is Here (Rhymesayers - 2009)

Eddy L. Harris pointait dans le dernier numéro des Inrocks: "A Paris, je suis ce que je ne suis pas dans le pays qui aurait pu être le mien. A Paris, je suis écrivain-noir, mais écrivain. A Paris, je suis américain-noir, mais américain. A Paris, je suis tout simplement. Aux Etats-Unis, je reste avant tout et pour toujours un Noir". Quel effet cela fait donc d'être albinos dans ce pays où la question raciale est centrale et fondamentale, effet Obama ou pas? Avec son nom de scène ouvertement musulman, Brother Ali, bien que blanc albinos, a souvent été pris pour un Noir. Une brutale et saisissante traversée du miroir... Des livres ont été écrits sur ce thème (Dans La Peau d'Un Noir de Griffin). Un sinistre genre musical est même né du postulat inverse (le Minstrel, des blancs grimés chantant comme des Noirs). Le pigment de sa peau ne pouvait, avec un tel atavisme et en aucun cas, faciliter la vie de Jason Newman. A sa place nulle part, soumis aux quolibets de son entourage, du moins d'après sa bio sur Wikipédia, Brother Ali avait toutes les qualités requises pour devenir au choix toxico, motard ou punk. Il a choisi une voie encore moins facile et plus singulière: rappeur underground dans le sillage d'Atmosphere (c'est d'ailleurs Ant qui signe ses instrus). Voilà donc un albinos qui tente de percer dans un genre archi-dominé par les Noirs mais dont le public est essentiellement blanc. Et pourtant, il y a peu de trace de colère, de haine ou de ressentiment dans ses textes. Plutôt une force de conviction peu commune et de la substance. Du coup, le bonhomme s'est, en deux (très bons) albums (Shadows On The Sun et The Undisputed Truth), trouvé une place de choix dans la playlist des backpackers. Place qu'il devrait garder tranquillement au chaud avec The Truth Is Here, excellent EP compilant inédits et raretés. Le DVD live qui l'accompagne, est lui réservé aux fans hardcore et ne présente pas un réel intérêt.

Brother Ali - The Truth Is Here

Brother Ali can be qualified as one of the best actual underground rapper. Discovered at the beginning of the 00's by Atmosphere, the life of this blind albinist has never been a piece of cake. And this is mainly what is music is all about. Surprisingly, you don't feel the anger you can find in the work of others born white-trash rappers (Eminem, Bubba Sparxxx and co.)